Alpes du Sud - Tabac, alcool, stupéfiants ou même jeux, vitesse… autant d’addictions qui touchent le monde actuel, et qui évoluent avec la société. «Â On peut dire qu’on est addict quand le produit qu’on prend a des effets sur sa vie privée, qu’on voudrait arrêter et qu’on n’y arrive pas », explique sur Alpes 1 le docteur Leloutre, médecin addictologue. Les additions fonctionnent presque toutes autour d’une seule hormone : la dopamine par les produits psycho actifs (des produits sécrétant de la dopamine à haute dose, soit héroïne, soit cocaïne par exemple), ou les addictions comportementales. Sans prendre de produits, la personne va sécréter de la dopamine, on pense alors aux jeux de hasard, à la vitesse sur les routes ou même le travail.
La prise en compte de ces abus a changé, comme l’explique Sabine Lazarevic, directrice de l’ANPAA dans les Alpes de Haute-Provence :  «Â Par le passé, on ne parlait pas d’addictologie. On se disait qu’il y avait des personnes avec des problèmes liés à la consommation d’alcool, à la consommation de toxiques. On s’est rendu compte finalement que ce n’est pas par rapport au produit qu’il fallait prendre en charge une personne, mais plutôt sur la difficulté, quand on est dans une consommation régulière, sur le plan physique, psychologique ou social ».
Et alors que l’ouverture de la première salle de consommation à moindre risque à Paris a créé un tollé, les deux professionnels rassurent. Il faut évoluer sur le regard porté sur les toxicomanes. «Â Du fait de l’addiction, les personnes ne peuvent pas se passer du produit. Ce sont des lieux qui vont être ressource, pour des personnes qui sont précarisées et qui prendront leurs produits dans des conditions sanitaires déplorables. C’est de la prévention de risques et de l’accompagnement», poursuit Sabine Lazarevic.
Autre phénomène de société : alors qu’une récente étude souligne que les jeunes boivent de plus en plus tôt, le docteur Leloutre met en avant les « binge drinking ». «Â Une pratique anglo-saxonne qui existe depuis longtemps : il s’agit de boire quatre ou cinq verres d’alcool rapidement. Le problème, c’est qu’on se met dans des accidents, des bagarres, des viols. La moitié des décès de l’alcool est due à des gens qui ne sont pas alcoolo-dépendants. Quand les jeunes font un binge drinking, ils se mettent autant en danger qu’un homme qui roule vite », termine le docteur Leloutre.
Selon l’OFDT, Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies, les dépenses publiques ont fluctué ces dernières années. Entre 2008 et 2010, les dépenses publiques en terme de prévention auprès des scolaires ou des personnes vulnérables ont diminué de 27 %, alors qu’en parallèle, les dépenses publiques en matière d’ordre contre le trafic de stupéfiants ont augmenté de 73 %. «Â Les services ont de moins en moins d’argent pour mettre en place des actions prévention », avance Sabine Lazarevic. « Désormais, aux responsables et directeurs de monter des projets et aller chercher l’argent. La Mission Interministérielle de Lutte contre des Drogues (MILD) finance des actions de prévention », poursuit la directrice.