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Les Alpes du Sud ne sont pas autosuffisantes en viande

Claude Davin, président du syndicat des artisans bouchers des Hautes-Alpes, Michel Dulong le trésorier, et Manuel Casado élu à la CMA des Alpes de Haute-Provence, étaient les invités d’Alpes 1 Live ce lundi

Alpes du Sud – Le scandale de la viande chevaline trouvée dans des lasagnes congelées donne libre court désormais à de multiples propositions… dont l’autosuffisance. C’était une idée qui avait été lancée par les deux porte paroles d’Europe Ecologie-Les Verts dans les Hautes-Alpes il y a trois semaines sur Alpes 1 : pour faire face au manque de traçabilité qui touche actuellement la viande, il faut désormais se replier sur le commerce local. Thierry Baud le déclarait : « nous sommes auto-suffisants ». Il semblerait au final que non, comme l’explique Claude Davin, le président du syndicat des artisans bouchers des Hautes-Alpes : « la viande des Hautes-Alpes ne sera pas suffisante pour alimenter tout le département. En ovin on pourrait, mais en bovin ça ne sera pas suffisant. On est loin du compte car au fil du temps, les bouchers ont disparu ». Manuel Casado, élu à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat dans les Alpes de Haute-Provence le confirme : même lorsque l’on est boucher, il est parfois nécessaire de se tourner vers l’importation. « Les agneaux sont pris sur Sisteron, mais le reste vient parfois de grossistes. Je voulais faire de l’abattage, mais je n’avais pas toujours le produit. Le bœuf est acheté en carcasse dans le Limousin », explique t-il sur Alpes 1.

Un scandale, non pas sanitaire, mais de fraudes, qui aura en tout cas permis de booster les ventes. « L’augmentation est estimée entre 10 et 15 % dans les quinze derniers jours », commente Michel Dulong, trésorier du syndicat des artisans bouchers des Hautes-Alpes. L’occasion a fait la part belle pour mettre en avant le professionnalisme des artisans bouchers et de la traçabilité présente sur les étales. De la fourche à la fourchette comme souligne Michel Dulong : « Né, élevé et abattu dans le département, nous avons la carte d’identité des animaux. Alors que les industriels sont des marchands de viande. Ils veulent des bêtes qui rentrent dans des barquettes. Les industriels sont là pour faire du fric, ils se fichent de la qualité qu’ils envoient ».

Mais pour Claude Davin, un autre scandale pourrait éclater, s’il n’était pas sous le couvert d’un tabou : c’est le problème du steak haché. Alors que les artisans bouchers sont contraints de faire le produit sous les yeux des clients « pour qu’ils sachent quelle viande on met dedans », les industriels utilisent des minerais : « C’est ce qu’on récupère des bacs où l’on met des bouts, surtout du nerf parce que ça fait de la gélatine pour que le steak ne se casse pas. Ça n’a pas lieu de se retrouver dans les produits », s’énerve t-il.