Votre ville : SAINT VERAN | Changer de ville

Alpes du Sud : deux départements en danger médical

C'est le dossier de la rédaction d'Alpes 1. Selon l'Atlas de la Démographie Médicale en France, publié par le Conseil National de l'Ordre des Médecins, les généralistes sont amenés à diminuer seulement dans les cinq ans à venir

Alpes du Sud - L’Atlas Démographique Médicale : un état des lieux de la santé depuis 2007 et jusqu’en 2017. Le Conseil National de l’Ordre, à l’origine de ce document, est parti du critère de l’âge des médecins afin de l’établir. Et la situation semble critique dans les Alpes du Sud.

Premier constat : le vieillissement du corps médical. Par exemple, en France, alors que ces trente dernières années, le nombre de médecins actifs a augmenté de près de 93 %, en parallèle, celui des retraités a explosé : + 666 %. Il y a donc plus de départs en retraite et il y en aura encore plus demain. Un vieillissement qui risque d’être un problème critique dans les Alpes du Sud, avec en première ligne : les généralistes. D’ici cinq ans, leur présence pourrait diminuer entre 2 et 3 % dans les Hautes-Alpes. Un chiffre qui étonne le docteur Guy Bompard, président de l’Ordre des Médecins dans les Hautes-Alpes, comme il l’explique au micro Alpes 1 : « Ce qui m’étonne, c’est que la diminution soit aussi faible. Si demain, le gouvernement décide de bloquer les installations des internes dans les zones où ils n’ont pas fait l’internat, sur Gap ou Briançon, ça ne va pas nous apporter un afflux considérable de nouveaux médecins. Si on laisse le libre-choix, je pense que l’étude est plus proche de la réalité ».

Dans les Alpes de Haute-Provence, la diminution des généralistes pourraient atteindre 7 %. Les premiers à en pâtir : les généralistes libéraux qui deviendraient une espèce en voie de disparition. Aujourd’hui, on compte 6 % de médecins de moins de 40 ans, ils sont 28 % à avoir plus de 60 ans. Les Alpes de Haute-Provence sont classées parmi les 35 départements potentiellement en danger. Pour le Docteur Patrice Borel, secrétaire général de l’Ordre des Médecins du 04, le risque, c’est que les libéraux s’installent dans les villes plutôt que dans les campagnes. « Si notre département est déjà potentiellement en danger, il y a des secteurs de notre département qui le sont encore plus. A Saint-André-les-Alpes et Barrême, il y a deux généralistes. Il suffit qu’il y en ait un qui cesse son activité, et le secteur est grandement en danger », souligne t-il au micro Alpes 1.

Paradoxe au sein même de cette étude par contre, cela concerne les spécialistes. Le Conseil de l’Ordre voit une augmentation globale du nombre de spécialistes dans les cinq ans à venir : de 15 % pour les Alpes de Haute-Provence, et de 17 % pour les Hautes-Alpes. Par contre, il envisage également une baisse des spécialistes libéraux mais aussi salariés. Docteur Borel, de l’Ordre des Médecins du 04 : « Nous manquons déjà de spécialistes. A Digne les Bains, nous avons deux ophtalmologues qui vont s’arrêter dans le courant de l’année prochaine, et il n’y a pas la relève. On ne comprend pas ces prospectives ».

Les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence sont d’ailleurs classés dans les départements en danger face à la diminution dangereuse des spécialistes salariés. Mais pour Guy Bompard, il y a une bonne explication : « La technicité, c'est-à-dire qu’il y a beaucoup de nouvelles méthodes qui vont qu’aujourd’hui, dans les Hautes-Alpes, on n’a pas le matériel nécessaire pour faire certains actes. Les spécialistes seront plus attirés dans des centres où on peut avoir une technicité supérieure. Il y a aussi un problème d’économie : dans les médecins salariés des hôpitaux, il y a des praticiens contractuels et des praticiens hospitaliers. Le praticien contractuel n’est peut être pas comptabilisé dans cette étude », explique t’il au micro Alpes 1.

La Région PACA est donc toujours la première en France en terme de densité médicale : on recense 306,2 médecins pour 100 000 habitants. Mais dans les années à venir, le facteur soleil pourrait ne plus être aussi convaincant.