Votre ville : VARS | Changer de ville

Pas de réponses dans l'affaire Marie-Christine Jacquin

L'affaire de cette femme de 38 ans, poignardée en novembre 2009 à Chorges, est toujours jugée devant la Cour d'Assises des Hautes-Alpes. Avec cette question sans réponse : pourquoi a-t-elle été tuée ?

Hautes-Alpes - Le procès dans l’affaire Marie-Christine Jacquin se poursuit devant la Cour d’Assises des Hautes-Alpes, à Gap. Cette femme de 38 ans avait été poignardée et égorgée en novembre 2009, dans son appartement à Chorges. Un Haut-Alpin, de 24 ans, est accusé d’homicide volontaire. Ce jeudi, les experts ont continué à livrer leurs rapports. Les médecins légistes ont confirmé que la femme avait été victime de neuf coups de couteau, dont un mortel au cœur. Marie-Christine Jacquin était également encore vivante quand elle a été égorgée. Et l’après-midi, le bal des témoins s’est poursuivi. Sans pour autant apporter une réponse à cette question : pourquoi Marie-Christine Jacquin a été tuée ?

C’est d’abord le couple d’amis de Yohann qui parle à la barre, ceux qui l’ont recueilli quelques minutes après le drame. L’accusé serait arrivé paniqué et en pleurs. Et dans un sanglot, il aurait lâché « j’ai tué Marie-Christine ». La Cour s’est également livrée à un retour en arrière, dans le passé de Marie-Christine. Avec le témoignage de Serge, son ex compagnon avec lequel elle a vécu 8 ans. Il l’a décrit comme une femme stable, sans addiction à l’alcool, à l’époque où elle le fréquentait. Ensuite, c’est la mère de Marie-Christine qui arrive devant la Cour. Un témoignage émouvant, mais aussi déroutant. Parce que cette maman s’effondre littéralement à la barre quand elle évoque sa fille. « Je suis seule aujourd’hui, elle n’est plus là ». Par contre, alors qu’elle est à 2 mètres du meurtrier présumé, cela ne semble pas la perturber. Même mieux, elle dit « Je ne l’ai vu qu’une fois et je l’ai trouvé bien ». Par contre, devant la Cour, elle se fait la juge d’un ex de Marie-Christine, un dénommé Davy. Et dans ce véritable procès d’intention, elle le reconnaît coupable de l’alcoolisme de sa fille.

Yohann prend ensuite la parole. Et là encore, aucune réponse à la question « pourquoi l’avoir poignardée ». « Je n’avais aucune raison. Je n’ai peut être pas supporté un reproche, ça devait être une querelle d’alcoolique », dit-il. Il ne se souvient visiblement pas de la scène, par contre se rappelle parfaitement que ce soir là, il pleuvait. Et à la question de la Cour, « Comment voyez-vous votre avenir ? », Yohann répond simplement « Je ne le vois pas au-delà des murs de la prison. J’ai besoin de payer pour me reconstruire ».

L’avocat général, Philippe Toccanier, a également essayé de comprendre. Déjà, ces coups, ont-ils été portés alors que la victime était debout ou couchée ? « Debout », répond le meurtrier présumé. « La plaie au cou aurait donc aussi été donné debout ? », s’interroge l’avocat général. 2ème point : pourquoi Yohann ne s’est pas arrêté au bout du premier coup, alors que la victime lui criait de s’arrêter ? « Je ne sais pas, je l’ai vu tomber inerte », murmure Yohann. Et c’est un sentiment de colère et de rage qui semble l’avoir envahi, comme il le dit lui-même. Un sentiment qu’il a déjà ressenti, la nuit où il a tenté de se suicider et a ensuite menacé les gendarmes. « Et quand vous ressentez ça, vous vous en prenez soit à vous-même, soit à la personne en face de vous sans raison ? », termine Philippe Toccanier.

Ce vendredi, ce sont les avocats de la défense et de la partie civile qui vont plaider. Avant le verdict attendu dans la soirée. L’accusé risque 30 ans de réclusion criminelle.