Votre ville : SISTERON | Changer de ville

1ère journée du procès devant les Assises du meurtre de Chorges

La première journée a été consacrée à cerner la personnalité de l'accusé, un Haut-Alpin de 24 ans. Il aurait poignardé de 11 coups de couteau Marie-Christine Jacquin en novembre 2009

Hautes-Alpes - L’ouverture ce mercredi devant les Assises des Hautes-Alpes du procès du meurtrier présumé de Marie-Christine Jacquin. Cette femme de 38 ans avait été assassinée à Chorges en novembre 2009. Un Haut-Alpin de 24 ans, originaire de Saint-Apollinaire dans le Savinois, est accusé d’homicide volontaire. Il entretenait avec la victime une relation intime et était présent la nuit du drame. Il aurait poignardé de onze coups de couteau, et égorgé la victime dans son appartement. Ce mercredi, les jurés ont été tirés au sort : six femmes et trois hommes. Les témoignages se sont également succédé. Notamment ceux de la mère de l’accusé, de son frère et de son oncle.

Une première journée d’audience consacrée à cerner la personnalité de l’accusé. Au travers des témoignages de ses proches et de son parcours, il a été décrit comme un jeune homme avec peu d’ambition. Il abandonne ses études, notamment son CAP restauration, tout comme ses emplois. Et s’il semble motivé pour rejoindre l’armée, il est refusé : casier judiciaire trop lourd.

Yohann semble également avoir une émotivité à fleur de peau. D’ailleurs, à la barre, il est visiblement accablé. Les épaules voutées, le regard fuyant, la larme facile et la voix éraillée, les remords semblent l’assaillir. Entre 11 et 13 ans, il commence le cannabis. A 16 ans, la cocaïne. Et entre un joint et un rail, l’alcool coule également à flot dans sa vie. « Je voulais faire grand. Et puis quelques coups durs, et je me suis réfugié là dedans pour fuir la réalité », dit-il à la Cour. Une réalité qui semble sombre en effet : une mère dépressive et suicidaire, trois amis proches décédés trop tôt et un père, violent, qui se pend en 2005, dans le même immeuble que Marie-Christine Jacquin. Et puis, un mois avant le meurtre de Chorges, Yohann tente de mettre fin à ses jours. Une vie donc jonchée de deuils, qui sont pour sa mère la source de son instabilité. « C’est un enfant comme un autre », sanglote t-elle à la barre. « Pensez-vous qu’un enfant comme les autres a ce parcours ? », demande l’avocat général, Philippe Toccanier. « Non », étouffe t-elle.

Mais c’est l’expert psychiatrique, Patrick Blachère, qui a permis de mieux cerner Yohann. « Il est normalement intelligent, et n’est pas un malade mental au sens classique. Mais c’est un malade mental dans le sens où il a une souffrance psychique », précise l’expert à la Cour. Autre élément dans le rapport : Yohann est un homme impulsif, et traverse souvent la barrière de la violence. Une impulsivité qui ne pouvait pas être ignorée par l’accusé, selon l’expert. Tout comme son addiction aux drogues. « Il ne doit pas s’estimer irresponsable », précise Patrick Blachère. C’est ensuite la question de la mémoire qui va occuper les débats : pourquoi Yohann semble ne pas se souvenir de cette nuit ? Pour l’expert, il semble impossible qu’il ait une amnésie. A cela, plusieurs raisons : Yohann n’a pas d’altération du discernement. Autre élément : Yohann avait certes près de 2g d’alcool dans le sang ce soir là, mais un taux qui n’est pas suffisant pour oublier. Enfin, l’accusé a fait des cauchemars où il revoyait la scène du crime. Signe donc d’un stress post-traumatique, qui est incompatible selon l’expert avec une amnésie. Une interrogation plane alors sur la salle d’audience : pourquoi Yohann ne dit rien ? « Est ce par inconscience ou par intérêt ? », demande Patrick Blachère. « Il n’existe pas de test d’authenticité pour les experts. Ce sera aux jurés d’apprécier la sincérité de ses remords et regrets », conclut t-il.

Ce jeudi, ce sont les médecins légistes, le docteur en pharmacie et l’expert spécialisé en ADN qui vont défiler à la barre. D’autres témoins devraient également faire leurs déclarations à la Cour. L’accusé risque jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire.