Emmanuel Maertens et sa compagne Nathalie Dahon, qui encourent jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle, comparaissent pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de 15 ans par ascendant ou personne ayant autorité. La mère biologique et les grands-parents se sont portés parties civiles dans ce procès prévu jusqu'à vendredi.
Le
corps de Nathan avait été retrouvé en mai 2007 dans un bois de
Villars-sur-Var (Alpes-Maritimes), près de l'endroit où la famille avait
vécu en 2006 avant de déménager à Sisteron.
L'examen des restes avait permis de relever de multiples traumatismes au crâne et aux bras pouvant être à l'origine du décès.
Le père, 36 ans aujourd'hui, est resté impassible pendant la lecture de l'ordonnance de mise en accusation. Interrogé par le président, il a murmuré une réponse confuse, indiquant avoir "donné un coup de pied en jouant au foot".
Nathalie Dahon a gardé la tête baissée et nié en bloc les accusations, assurant : "Je n'ai jamais fait de mal à cet enfant".
Selon elle, Emmanuel Maertens, sous l'emprise de l'alcool, a donné le 19 août 2006 à Nathan un coup de poing dans le ventre et deux coups de poing sur les fesses.
Le lendemain matin, l'enfant se plaignant du ventre, son père l'avait emmené hors du domicile sans explication, avait-elle expliqué aux enquêteurs, indiquant ne plus avoir revu Nathan à partir de là. Cette version est démentie par Emmanuel Maertens.
Une quinzaine de témoins ont été cités mercredi. Certains ont présenté Nathalie Dahon comme une femme un peu dépassée, devant s'occuper de six enfants (trois du couple et trois autres, dont Nathan, qu'avait eus M. Maertens avec deux femmes différentes), d'autres ont évoqué une certaine brutalité envers les enfants.
"Elle était plus triste et moins épanouie" depuis qu'elle vivait avec Emmanuel Maertens, selon une ancienne collègue.
"Nathalie brutalisait Nathan" et "était très sévère avec les enfants d'Emmanuel Maertens", a assuré une habitante de Villars-sur Var. "J'entendais les enfants qui pleuraient et elle les frappait de façon aberrante, et lui (Maertens, ndlr) était là et ne bougeait pas. Elle ne frappait que les enfants de M. Maertens", selon une autre voisine.
Ce témoignage a suscité la colère de Nathalie Dahon, qui a été rappelée à l'ordre par le président.
Emmanuel Maertens a été décrit comme dépendant à l'alcool et aux drogues dures. "Il pouvait consommer jusqu'à deux packs de douze bières en une après-midi", a raconté un ancien collègue de travail, "il pouvait être violent".
"C'est un manipulateur", a déclaré la grand-mère de Nathan, évoquant des violences sur sa fille, mère biologique de l'enfant. "C'était un gros buveur, et de tout. Quand il avait bu et était drogué, il devenait fou et faisait n'importe quoi. Il était violent".
"La violence sur moi a démarré à partir de ma grossesse de Nathan. Quand il y avait la drogue, l'alcool, fallait rien dire", a raconté la mère, Laetitia Bruggeman, "mais il n'a jamais tapé Nathan devant moi".
"Je me suis séparée de lui quand Nathan avait 9 mois, je suis repartie dans ma famille à Marcq-en-Baroeul" (Nord), a-t-elle poursuivi, "il ne voulait pas me rendre Nathan".
A Digne, François Quairel
