Alpes du Sud : le difficile parcours de transition de genre de Lily

Alpes du Sud : le difficile parcours de transition de genre de Lily

SOCIÉTÉ / Lily se dit victime de transphobie alors que SOS Homophobie a révélé, il y a trois semaines, une vague de transphobie en France

 

 - Alpes du Sud - 

Il y a trois semaines, SOS Homophobie a sorti son rapport annuel. L'association y pointe "une vague de transphobie". Le nombre d'actes transphobes recensés a doublé : de 227 en 2022 à plus de 500 en 2023 en France. L’enquête française "Virage LGBT" de l’Ined, réalisée en 2020, révèle que près de 80 % de personnes trans ont déjà subi des violences dans l’espace public. Ces violences, Lily les subirait dans les Hautes-Alpes. Elle a toujours su qu’elle était une femme. Chez elle, à l’abri des regards, elle porte sous-vêtement féminin, robe et jupe... Mais dehors, dans les rues de Gap, c’est pour l’instant impossible. Elle s’habille en homme pour se protéger.

 

"J'ai fait des expériences et on est très vite jugé. Quand ils entendent ma voix, ça les choque. Ils se disent « Oh là là c'est quoi ça ? ». Soit on se fait agresser, soit ils ont peur et ils partent" Lily

 

Sur Veynes, où elle habite, même résultat : elle serait victime de transphobie. Dans les magasins, à la boulangerie, au travail… Partout. Même pour trouver un endocrinologue, un médecin spécialiste des hormones. Un rouage essentiel pour sa transition. "Il y en a qui ne veulent même pas nous prendre parce qu'on est transgenre : j'ai eu le cas deux fois à Gap." explique cette femme de 40 ans. Pour consulter ce type de praticien, elle est obligée de se rendre sur Nice, Grenoble ou Lyon.

 

Une transphobie vécue dans son cercle familial

Le coming out de sa transition, Lily l’a fait en fin d’année dernière. Depuis, presque tous ses amis et même les membres de sa famille se sont écartés d'elle. Des oncles et tantes ne lui parlent plus. Sa mère l'accepte, "sans l'accepter... C'est un peu dur pour elle" confesse Lily qui ne voit plus ses frères et a de temps en temps des nouvelles de sa sœur.

 

"On perd à peu près 98% des gens de notre ancien entourage" Lily

 

Lily ne demande qu’une chose : vivre sa transition tranquillement. Elle veut que ce climat transphobe cesse car elle ne juge personne et espère un climat paisible. "On n’est pas bizarre : on vit comme vous, on a un métier comme vous on aimerait bien être respecté comme vous."

 

Des progrès dans la prévention contre la transphobie 

Si on se penche sur les chiffres, la transphobie augmente en France selon les derniers chiffres de SOS Homophobie. 227 cas recensés en 2022, plus de 500 l'an dernier. Une augmentation qui fait bondir Heddy Reynaud, délégué Alpes du Sud Côte d’Azur de l’association.

 

"500 cas, c'est énorme. En plus la plupart ce sont des mineurs, 13%" H. Reynaud

 

Le délégué de l’association dénonce notamment l’absence de campagne de sensibilisation dans les Alpes du Sud, même si des progrès sont faits dans les collèges et lycées sur la sensibilisation pendant les cours d’éducation morale et civique.

 

"Les chefs d'établissement font appel à nous, et même parfois on en a tellement, que l'on doit refuser" H Reynaud

 

Pour continuer ses campagnes de sensibilisation, Heddy espère plus de bénévoles. Il note également les bienfaits de la convention signée avec le Parquet de Gap, il y a un an.  Elle déclenche une enquête systématiquement qu’un acte LGBTQIA phobe est signalé. Une du même type doit être signée dans les prochains mois avec le procureur de la République de Digne-les-Bains. Pour rappel, un numéro vert existe contre la transphobie c’est le 01 48 06 42 41.

Le reportage de Nino Dalbera

 

 

N. Dalbera