Hautes-Alpes : une plateforme de compostage pas au goût de tout le monde à Sorbiers

Hautes-Alpes : une plateforme de compostage pas au goût de tout le monde à Sorbiers

ENVIRONNEMENT / Opérationnelle depuis octobre 2021, ce site de valorisation des biodéchets et des boues de station d’épuration de la côte méditerranéenne voit plus grand et attend l'aval de la préfecture

 

- Hautes-Alpes -

 

Une plateforme de compostage pas au goût de tout le monde à Sorbiers. Après sa station d’épuration et sa décharge, qui fait également débat auprès des associations écologistes, la commune haut-alpine s’est lancée en 2019 dans un autre projet en lien avec le traitement des déchets. Opérationnelle depuis octobre 2021, ce site de valorisation des biodéchets et des boues de station d’épuration de la côte méditerranéenne produit du compost issu de déchets verts et de boues non valorisées. Un compost ensuite vendu aux agriculteurs. Le site est géré par une société privée, Buëch Amendements et sa volonté d’agrandissement ne fait clairement pas l’unanimité. 

 

Un projet soutenu par la mairie

Alors qu’une contractualisation était ficelée entre Sorbiers et cette filiale de Valterra pour s’implanter sur un terrain communal, « des bizarreries cadastrales constatées par la DREAL » selon le maire Yves Rabasse les ont contraints à changer de fusil d’épaule en se rabattant sur un terrain privé. Encadrée par la loi et l’État dans le régime des ICPE (Installation classée pour la protection de l’environnement), qui sont des espaces pouvant présenter des dangers ou des nuisances, la station de compostage voit aujourd’hui plus grand et ce ne sont pas les agriculteurs bénéficiaires de sa production qui vont se plaindre, assure le maire Yves Rabasse.

 

« Cela concerne une vingtaine d’agriculteurs avec 7.500 tonnes de matières traitées annuellement », Yves Rabasse

 

Une satisfaction qui ne fait pas que des émules avec des voix contradictoires qui se font entendre, notamment par le biais du comité de riverains Eygues Blaisance Nature et Paysage. Avec plus de 280 citoyens issus de Trescléoux, Montjay et Chanousse, trois communes voisines, ce collectif constate pour sa part une aberration économique et agricole. « Seulement la moitié des emplois a été créée et les bénéficiaires sont composés d’une riche société étrangère au département, deux agriculteurs engagés dans l’agro-business et une autre dizaine qui ne suit pas la dynamique bio des Hautes-Alpes » souligne la porte-parole Joëlle Vatain. Depuis l’installation de la plateforme en 2021, la colère ne retombe pas et la volonté actuelle de passer à 21.000 tonnes traitées par an n’a fait que mettre une nouvelle pièce dans la machine. Avec quatre camions par semaine et 12 en cas d’agrandissement, « le bilan carbone engendré sur le trafic routier et notamment notre RD 949 est désastreux », pointe du doigt Joëlle Vatain

 

Un dossier d'agrandissement en cours, dans l'attente de l'aval de la préfecture

Ne cessant d’alerter les différents décideurs locaux de la préfecture à la députée Pascale Boyer en passant par la Communauté de Communes du Sisteronais Buëch, le collectif pourra à coup sûr faire entendre sa voix lors de l’enquête publique qui sera organisée en mairie de Sorbiers en cas d’autorisation préfectorale pour cette demande d’extension. Contactée par la rédaction d’Alpes1, la préfecture des Hautes-Alpes confirme que la demande est en cours mais « des garanties ont été demandées à l’exploitant pour qu’ils soient en mesure de gérer l’épandage en limitant les nuisances » expliquent les services de l’État.

 

Le reportage de Christophe Lourenço :

C.Lourenço