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Hautes-Alpes : suspension de R. Hammami, "un soulagement temporaire"

SANTÉ / Le docteur Raouf Hammami a été clairement identifié par les médiateurs du Centre National de Gestion comme étant la cause de la crise sans précédent que traverse l'hôpital de Gap. Il a été suspendu provisoirement pendant cinq mois. Un soulagement temporaire pour le Collectif pour l'Avenir du CHICAS, qui demande aujourd'hui une solution durable : l'éloignement définitif

 

- Hautes-Alpes - 

 

Cela marquera-t-il le retour au calme au sein de l’hôpital de Gap ? C’est une information qu’Alpes 1 vous dévoilait dès hier après-midi : le docteur Raouf Hammami a été suspendu de ses fonctions de praticien pendant 5 mois. Le retour de ce chirurgien au sein de l’hôpital gapençais, en mars dernier, avait provoqué une crise sans précédent.

 

Un hôpital, bombe à retardement

Après deux ans de suspension, Raouf Hammami réintègre ses fonctions au sein de l’hôpital de Gap en mars. Le praticien, qui a obtenu le titre de lanceur d’alerte par la Défenseure des Droits dans l’affaire de la cimentoplastie discale, reprend son activité. Un retour qui met le feu aux poudres. Le centre hospitalier devient une vraie bombe à retardement : des dizaines de médecins et soignants se mettent en arrêt maladie ou déposent leurs démissions. Ils disent ne pas pouvoir travailler sereinement avec ce praticien dans l’établissement. Un chirurgien qui avait déjà été pointé du doigt en 2019 dans un rapport de l’ARS, comme faisant exister un climat délétère et de pression.

La crise est sans précédent, si bien que le CNG, le Centre National de Gestion des Praticiens Hospitaliers, est saisi. Deux médiateurs se rendent sur place la semaine dernière et auditionnent les personnels.  Les conclusions seraient « accablantes » à l’encontre du docteur Hammami : souffrance des équipes, pas de conciliation possible, le retour du chirurgien est clairement identifié comme étant la cause de la dégradation rapide de la situation. Le couperet tombe ce mardi : l’ARS suspend provisoirement Hammami. « Il y avait une grosse tension avec une quasi incapacité d’assumer nos missions et en particulier la continuité des soins en plein milieu d’une crise COVID. C’est une bonne décision, cela va nous permettre de retrouver un peu de sérénité », dit soulagé le docteur Pierre-Yvan Simonoviez, chef du service anesthésie réanimation et directeur médical de la crise COVID.

 

« Cette mesure de sauvegarde doit aller à son terme et aboutir à un éloignement définitif du praticien concerné », collectif pour l’avenir du CHICAS

 

De la sérénité, mais temporaire puisque la suspension est de cinq mois. Les médecins démissionnaires, dont le docteur Simonoviez, en sont bien conscients. Ils demandent une solution durable, « tout n’est pas fini. Il faut une solution pour que l’hôpital fonctionne durablement ». ils sont en attente d’une décision venant des plus hautes instances, le CNG ou la Défenseure des Droits. Car les démissions sont encore dans la balance, « s’il revenait, les autres partiraient et ce sera définitif », confirme le docteur Simonoviez.

Sur les réseaux sociaux, le docteur Raouf Hammami égratigne cette nouvelle suspension. Pour lui, on veut étouffer l’affaire Gilles Norotte, son confrère qui a pratiqué la cimentoplastie discale, une méthode qui ne serait encore pas validée en France et qu’il avait dénoncée. « Faux », rétorque le chef de service anesthésie, puisqu’une procédure a été immédiatement engagée par la direction dès le signalement. « La procédure est longue, complexe. On a encore des témoignages du président de la société française d’orthopédie qui estime qu’il est impossible de savoir si une pratique est totalement invalidée, sauf quand il a été expressément dit qu’elle n’est pas réalisable. Jamais rien n’a été écrit dessus, des gens la pratiquent avec de bons résultats », explique le docteur Simonoviez.

Notez que pendant toute cette période de suspension, le docteur Hammami continuera de percevoir ses émoluments. Retrouvez l'entretien dans son intégralité du docteur Simonoviez, ce mercredi dans "Le 8:30"

 

C. Cava Michard