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Hautes-Alpes : « un procureur qui est exclusivement dans son bureau est un mauvais procureur »

JUSTICE / Le procureur du Parquet de Gap, Florent Crouhy, était l'invité du "8:30" ce jeudi matin. Sa réponse pénale, il la veut "dans la dentelle plutôt que dans la délinquance de masse"

 

- Hautes-Alpes - 

 

La justice est-elle une vieille machine qu’il faut dépoussiérer pour que les rouages tournent mieux ? « C’est une vieille machine qui se modernise, qui s’adapte à l’évolution des mentalités, des mœurs, aux évolutions technologiques », constate Florent Crouhy. Le procureur de Gap était l’invité du « 8 :30 » ce jeudi matin sur Alpes 1. La crise sanitaire n’aura pas eu que des effets pervers, elle aura notamment permis « d’accélérer certains processus de dématérialisation des procédures ». Une justice qui se dote, dès ce jeudi, d’un « guide des bonnes pratiques » présenté par le Garde des Sceaux Éric Dupond Moretti. Un moteur de recherches judiciaire qui permet de taper des mots clés ou des thématiques, afin de s’inspirer de ce qui s’applique ailleurs. « Chaque procureur va mettre en place des bonnes pratiques qui ont vocation à être partagées sur le territoire national, explique Florent Crouhy. Cela permettra de piocher ce qui se fait ailleurs pour l’adapter sur son territoire. Par exemple, dans les Hautes-Alpes, la nouvelle réponse pénale après des atteintes à l’environnement, avec un stage de sensibilisation. C’est une bonne pratique face à la biodiversité ».

 

Une réponse pénale « dans la dentelle »

Arrivé il y a un peu plus d’un an sur le territoire haut-alpin, le procureur avait indiqué vouloir « individualiser l’action, ne pas avoir une mécanique de la loi pénale ». Un cap qui le guide toujours aujourd’hui, « quand je prends une décision, j’essaye de la réadapter si je la juge inefficace. On peut faire dans la dentelle plutôt que dans la délinquance de masse ».

 

« Un procureur qui est exclusivement dans son bureau est un mauvais procureur. Je suis la moitié du temps à l’extérieur », F. Crouhy

 

Une réponse individualisée qu’il nourrit au gré de rencontres chaque semaine sur le terrain d’habitants ou de partenaires. Quant à la lutte contre les stupéfiants, l’une de ses priorités, la tolérance zéro reste de mise pour « toutes les personnes qui vendent, elles sont déférées en comparution immédiate avec des peines d’emprisonnement requises ». Quant au consommateur, le procureur insiste pour prendre en compte « le volet de la santé publique, on est dans l’individualisation ». Ainsi, il se saisit peu de l’amende forfaitaire délictuelle pour les consommateurs, « je n’ai pas voulu que cette verbalisation dégrade ma réponse pénale ».  

 

Lutte contre les stupéfiants, mais quels stupéfiants ?

Si son prédécesseur, Raphaël Balland, avait tiré la sonnette d’alarme quant à l’arrivée du crack dans le département, « les dossiers significatifs restent anecdotiques. Par contre, la consommation d’héroïne se développement. Il y a un vrai marché dans cette drogue qui est l’une des plus nocives, avec une dépendance quasi-totale dès la première injection ». Pour autant, la filière reste désorganisé, « pas de points de deal clairement identifiés type héroïne ».

 

C. Cava Michard