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Hautes-Alpes : 800 voix pour s'opposer à la privatisation du barrage de Serre-Ponçon

SOCIAL / Un mouvement né sous l'impulsion des gilets jaunes mais auquel se sont greffés les syndicats et partis politiques, notamment la France Insoumise. Pendant une heure, la circulation a été bloquée sur le pont de Savines le Lac

 

- Hautes-Alpes - 

 

Plus de 800 manifestants contre la privatisation des barrages. La pluie et le temps maussade ne les aura pas découragés, et ils ont répondu à cet appel au rassemblement ce mercredi 8 mai. Pendant plus d’une heure, ils ont complètement bloqué l’accès au pont de Savines le Lac avant d’accrocher sur la rambarde de la structure une banderole d’une centaine de mètres de long : « quand tout sera privé, on sera privé de tout ».

 

Car c’était bien ça le cœur de la colère de ces manifestants, certains gilets jaunes, d’autres appartenant à des organisations syndicales, des membres de partis politiques également comme la France Insoumise : il s’agit de s’opposer à l’ouverture à la concurrence des barrages hydroélectriques, notamment celui de Serre-Ponçon.

 

Bruxelles fait pression sur Paris pour ouvrir les vannes à la concurrence

Une ouverture demandée, voire imposée par la Commission européenne depuis novembre dernier à la France, Bruxelles estimant qu’il s’agit là d’un monopole « anormal ». Les barrages sont aujourd’hui détenus pour 80 % d’entre eux par EDF, l’entreprise étant majoritairement entre les mains de l’État. La Commission, gardienne de la libre concurrence en Europe, fait donc pression pour que les vannes soient ouvertes aux capitaux privés. Un point chaud pour José Pluki, membre du collectif et gilet jaune : 

 

« Confier la gestion d’un secteur aussi fondamental que celui de la première énergie renouvelable au secteur privé, c’est donné la clé du garde-manger à un boulimique », R. Roux

 

Privatiser le barrage de Serre-Ponçon, « une erreur stratégique » pour Rémi Roux, conseiller municipal de l’Argentière la Bessée. Selon l’élu, cela conduirait à augmenter les tarifs de l’énergie et pourrait provoquer des problèmes en termes de sécurité en raison de sous-investissements dans l’entretien et la sécurité des infrastructures. « Confier la gestion d’un secteur aussi fondamental que celui de la première énergie renouvelable au secteur privé, c’est donné la clé du garde-manger à un boulimique », compare Rémi Roux qui estime que certains secteurs doivent rester publics, la santé, l’éducation et le secteur énergétique notamment.

Autre réaction, celle de Cyril Gamba, responsable départemental du Rassemblement National dans les Hautes-Alpes qui se réjouit de ce rassemblement. Mais sans argumenter un peu plus son opposition à la privatisation, le responsable pointe la « gauche et l’extrême gauche » qui se sont imposés, selon lui, dans ce mouvement se disant apolitique.

 

O. Milleville / C. Michard