- Hautes-Alpes -
C'était une réunion matinale pour le Conseil Départemental des Hautes-Alpes. Les élus étaient appelés à se rassembler au sein de l'hémicycle dès 8h30, avec au menu du petit-déjeuner : le déploiement du numérique. "C'est Noël pour nous", déclarait simplement Marcel Cannat, vice-président en charge des infrastructures routières. Et c'est l'opérateur privé SFR qui fait office de Père Noël pour certains élus haut-alpins, depuis que le Syndicat Mixte Ouvert Très Haut-Débit PACA a entériné le choix de confier le déploiement de la fibre optique à la société. Un choix rendu possible par la politique mise en place par le Gouvernement, au travers des zones AMEL, Appels à Manifestation d'Engagements Locaux. "On s'autorise à négocier avec les opérateurs privés pour voir s'ils peuvent faire mieux que l'opérateur public", résumait Gérard Tenoux, vice-président en charge des infrastructures numériques.
Un coup d'accélérateur pour Jean-Marie Bernard
Car depuis 2012, en effet, la Région et les Départements des Hautes-Alpes et Alpes de Haute-Provence, se sont engagés au travers du SMO PACA THD. "Nous avions la perspective de couvrir 100 % des Haut-Alpins à l'horizon de 15 ans, avec un apport des Hautes-Alpes de 1,4 million d'euros par an et 300.000 euros de fonctionnement. Mais les engagements ont fondu comme neige au soleil à l'issue du premier plan quinquennal", regrette ce vendredi Gérard Tenoux. Si le président Jean-Marie Bernard reconnait que du travail a été fait, il constate aussi un certain retard. Le dispositif AMEL s'offrait donc aux collectivités locales comme une évidence pour le numéro 1 du Département. Si plusieurs opérateurs privés ont montré une certaine appétence pour les territoires alpins en avançant une offre, c'est finalement SFR-Altice qui a été choisi.
Les engagements de SFR sur nos territoires
Selon la présidente du SMO PACA THD et 2ème vice-présidente régionale, Chantal Eyméoud, "SFR-Altice va investir dans les 30 prochaines années et pour les trois départements des Hautes-Alpes, Alpes de Haute-Provence et Bouches-du-Rhône 575 millions d'euros". Ce sont 217 millions simplement sur le territoire du 05, pour déployer 133.748 prises d'ici 2022 "en incluant le rachat du réseau existant à hauteur de 80 millions d'euros".
"J'avais mis ma démission sur la table", G. Tenoux
Celui qui annonçait, bien avant le discours officiel, qu'il fallait passer par l'opérateur privé, Gérard Tenoux, avait bien évidemment le sourire ce matin. En effet, il déclarait, le 4 décembre dernier, que le département des Hautes-Alpes sortirait du SMO PACA THD, ce qui n'est plus à l'ordre du jour aujourd'hui. "C'est un beau cadeau pour les Hautes-Alpes", lance t-il au sein de l'hémicycle, avant d'expliquer avoir mis sa démission dans la balance.
Pascale Boyer, fidèle parmi les fidèles
Et c'est le même argument qui trouve écho chez la députée LREM et conseillère départementale, Pascale Boyer, "je n'ai pas d'arguments concrets. vous engagez le Département sur une 50aine d'années. Je m'abstiens". Si elle ne remet pas en question le déploiement du numérique, elle interpelle l'assemblée sur le choix de l'opérateur privé.
"Vous êtes désespérante", J.-M. Bernard
"Je regrette la position de la députée... qui est en panne", lance au moment du vote Jean-Marie Bernard, "vous êtes désespérante".
La Parlementaire qui a fait également entrer dans l'hémicycle un débat politique autour de ce sujet, en employant la maxime "il faut rendre à César ce qui est à César. C'est Christophe Castaner, à l'époque vice-président régional des infrastructures numériques, qui a mis en place le SMO". D'autre part, Pascale Boyer interpelle la majorité sur les "modalités de rupture de contrat avec Altitude Infrastructures [opérateur du déploiement numérique depuis 2012 - ndlr]. Qui paiera les pénalités si jamais l'opérateur demande de l'argent pour cette sortie ?"