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Hautes-Alpes : le réalisateur de "La Vallée des Loups" face à une censure politique ?

ENVIRONNEMENT / Le Haut-Alpin Jean-Michel Bertrand est en plein tournage d'un nouveau film autour du canidé. Alors qu'il refuse d'être dans une "posture" face à la politique du loup, mais veut apporter des éléments au débat, le réalisateur fait face à une fermeture des vannes financières des collectivités

 

- Hautes-Alpes - 

 

Son premier film « La Vallée des Loups » avait connu un succès dans les salles obscures de France, avec 200.000 entrées. Jean-Michel Bertrand, le Champsaurin, est reparti en tournage jusqu’en avril pour un nouvel opus autour du canidé : « La Marche des Loups ». « L’objectif est d’expliquer que c’est un animal territorial qui est capable de s’autoréguler, il fait le ménage lui-même », lance Jean-Michel Bertrand. Le réalisateur haut-alpin espère une sortie au cinéma l’an prochain. Espère car selon lui, il fait face à une « censure ».

 

Les collectivités locales ont fermé les vannes financières

Alors que « La Vallée des Loups », au budget de 700.000 euros, avait réuni des subventions des collectivités, désormais, ces dernières ont émis un avis défavorable à un éventuel soutien. Jean-Michel Bertrand doit réunir 900.000 euros pour financer son nouveau film, mais la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a refusé une subvention de 50.000 euros, le Département des Hautes-Alpes de 15.000 euros, la Communauté de Communes du Champsaur-Valgaudemar de 15.000 euros également. « Nous avons également essayé des subventions de l’État à hauteur de 20.000 euros, mais la préfète des Hautes-Alpes, qui a demandé l’avis des élus, a reçu des pressions ». 

 

Si la région AURA, présidée par Laurent Wauquiez « qui n’est pas un grand ami des loups mais a dû faire preuve de discernement » soutient le film à hauteur de 100.000 euros, il reste un manque à gagner de 80.000 euros. Jean-Michel Bertrand lance donc un financement participatif sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, « nous espérions avoir 20.000 euros au départ, nous en avons déjà obtenu 27.000 euros. On espère désormais approcher les 50.000 euros ». 

 

« Je déteste les postures, les raccourcis, l’hystérisation du débat »

 

Mais pour Jean-Michel Bertrand, cette « fermeture du robinet des subventions » restera un grand point d’interrogation. Avec des collectivités qui semblent renvoyer la responsabilité aux éleveurs, « mais je n’y crois pas. Qu’est ce que ça veut dire les éleveurs ? Il y a certains radicalisés qui pèsent lourd dans la balance ». Le film sortira, Jean-Michel Bertrand en est sûr, et avec les logos de la Savoie, de la Haute-Savoie, de la Région Auvergne-Rhône Alpes. Mais pour ce Haut-Alpin, il sera dur de ne pas apposer celui de son département, « ça me fait mal au cœur ». Un blocage qui, selon lui, ne date pas d’hier.

 

Dans un communiqué, le Conseil Départemental des Hautes-Alpes explique qu'une demande de subventions a été faite le 9 octobre 2017 par la SARL MC4 La Marche des Loups. L'instruction du dossier a été réalisée par le Centre Départemental de Ressources des Arts « au cours de laquelle il s'est avéré difficile d'accéder à la requête, le Département ne disposant pas de ligne budgétaire pour la production en cinéma», une décision du 23 mars dernier. 

 

Le loup, que faire ?

Jean-Michel Bertrand refuse une position de donneur de leçons, ou une position de radicalisé, « je ne suis pas un extrêmiste écolo, le berger doit avoir sa pétoire et se défendre immédiatement sur des attaques ». Mais pour le Haut-Alpin, la politique du tir a ses limites, « tuer deux loups en plus dans le Dévoluy, ça calme les éleveurs mais ça ne sert à rien car il y aura toujours autant d’attaques. Le loup est un prédateur qui se préserve. S’il sait qu’il est en danger vers un troupeau, il y réfléchira ».

 

Et retrouvez Jean-Michel Bertrand en interview dans le Supplément Hautes-Alpes, à 8h30. 

 

C. Michard