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Hautes-Alpes : le maire de Gap a-t-il signé un arrêté anti-mendicité ?

POLITIQUE / En toute discrétion, le 23 juillet, le maire de Gap a pris un nouvel arrêté municipal dont l’objectif est "d’éradiquer la présence de personnes en situation précaire dans les rues de la ville".

 

- Hautes-Alpes -

 

Signé le 23 juillet dernier par le maire (DVD) de Gap, Roger Didier,  un nouvel arrêté municipal interdit, entre le 6 août et le 30 septembre 2018, « toutes occupations abusives et prolongées des rues (…) en particulier de personnes ayant des tenues ou des comportements inappropriés dans l’espace public. » Un arrêté dont l’objectif « est d’éradiquer la présence de personnes en situation précaire dans les rues de la ville » pour le chef de file (PS) de l’opposition et candidat aux municipales de la ville, Christophe Pierrel.

 

« Avec ceux qui feraient preuve d’incivilités, je me montrerai intraitable, mais je ne confondrai jamais pauvre et délinquant ! Notre arsenal législatif actuel permet d’ores et déjà d’assurer le bien-être dans l’espace public. Il n’est ainsi aucunement besoin d’un tel arrêté », C.Pierrel.

 

« Notre ville est-elle devenue une zone de non-droit ? »

Selon la lecture de l’opposition, cet arrêté « pris sans concertation ni consultation des acteurs sociaux » se donne pour motif « des éventuelles questions d’ébriété ou de manque de décence. Le maire va jusqu’à invoquer ses obligations de maintenir l’ordre public, de garantir la liberté d’aller et venir de tous et de prévenir les dangers de santé publique ». Un arrêté qui vise, selon Christophe Pierrel, « à satisfaire une minorité en cherchant à désigner quelques boucs émissaires dans une tentative inappropriée et populiste. »

 

Que dit cet arrêté ?

Outre « toutes occupations abusives et prolongées des rues (…) en particulier de personnes ayant des tenues ou des comportements inappropriés dans l’espace public », l’arrêté précise et interdit entre autres :

  • « La station assise ou allongée lorsqu’elle constitue une entrave à la circulation des piétons et des véhicules »
  • « De laisser les chiens et autres animaux importuner les usagers, pénétrer sur les pelouses, terrains de jeux ou de les souiller et se baigner dans les fontaines. »
  • « Toute consommation excessive de boissons alcoolisées pouvant donner lieu à des comportements manifestement violents ou provocateurs, ainsi que des tenues ou comportements inappropriés. »

Ces interdictions concernent le centre touristique et commercial (voir la carte ci-dessous), ainsi que les caisses de paiements des parcs de stationnement et des entrées de zones commerciales.

L’arrêté qui indique qu’en cas de violation de ces interdictions une amende et la confiscation des produits ou l’intervention de la fourrière canine seront exécutées.

 

« Régler les problèmes de fond au lieu de chercher à dissimuler la misère »

Pour Christophe Pierrel, par cet arrêté le maire de Gap se « soucie plus de son image auprès de certains que du bien-être de tous ses administrés. Nous nous devons d’être forts et de régler les problèmes de fond au lieu de chercher à dissimuler la misère des plus fragiles en les excluant pendant la période la plus touristique de l’année. »

Un arrêté qu’il juge « trop réducteur », proposant de s’appuyer « sur le réseau associatif très actif dont nous bénéficions grâce à des organismes tels que les Restos du cœur, le Secours Populaire, la Petite Ourse, le Secours Catholique et bien d’autres. En tant que maire, je n’hésiterai pas à faire appel à l’expertise de ces structures pour m’aider à faire en sorte que plus personne ne souffre de la précarité dans notre ville. »

La meilleure des sécurités étant l’emploi, « il est également temps de se consacrer pleinement au développement économique de Gap et de son agglomération » conclut le chef de file de l’opposition soutenu par Ensemble 05 ! qui dénonce un maire qui souhaiterait « cacher ces pauvres ». Un arrêté comme « un attentat contre la liberté publique, contre le simple fait d’exister. »

 

A.Cam