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Hautes-Alpes : Col de l’Échelle et de Montgenèvre, retour sur les réactions politiques

POLITIQUE / Un week-end sous tension dans le nord des Hautes-Alpes et des réactions qui se multiplient.

 

-Hautes-Alpes-

 

Ce samedi, le mouvement d'extrême droite « Génération Identitaire », lancait une opération coup de poing depuis au col de l'Échelle, près de Montgenèvre pour bloquer le passage de migrants à la frontière. Le lendemain, ce sont plus de 150 militants « No Border » italiens et français apparentés d'extrême gauche qui menaient une opération « antifascisti ». Aujourd’hui, élus et syndicats réagissent.

 

« Des incidents inqualifiables perpétrés par des personnes qui utilisent le drame des migrants à des fins uniquement politiques. »

Pour le député (LREM) des Hautes-Alpes, Joël Giraud, qui a vécu ces faits de l’Assemblée Nationale lors du débat sur la loi Asile et Immigration, l’action de Génération Identitaire est une « provocation de ceux qui à l’ultra droite veulent verrouiller les frontières ayant eu pour seule conséquence de faire converger sur le site de la frontière franco-italienne des groupes d’ultra gauche qui ont fait passer illégalement des personnes avec le seul objectif d’affronter les forces de l’ordre, dont je salue le courage et l’engagement. »

De son côté, Pascale Boyer, députée (LREM) sur 1ère circonscription des Hautes-Alpes, salue le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, pour « l’envoi immédiat de renforts pour permettre de rétablir l’ordre et la sécurité publics et de maitriser la situation afin que les Haut-Alpins puissent retrouver toute leur quiétude. »

 

« Un acte légitime et salutaire. »

Amaury Navarranne, conseiller national du Front National, conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur des Hautes-Alpes.

Pour l’élu frontiste, cette action est un « acte légitime et salutaire de cette jeunesse qui refuse de voir en spectateur le drame migratoire qui touche notre pays et notre continent a surtout été salué par une grande majorité de gens. Elle participe, dans son registre particulier et son mode d'action spécifique, à la lutte contre l'immigration massive, les mafias, les passeurs, la traite inhumaine et le déracinement. »

 

« Gérard Fromm doit mettre fin pour de bon à l’appel d’air qui a été créé de toutes pièces. »

Pour Arnaud   Murgia, conseiller   départemental   de   Briançon-1   et   président   de Les Républicains des Hautes-Alpes, le département est face une situation « devenue incontrôlable et il est hors de question que notre ville devienne le théâtre d’affrontements entre militants d’extrême droite et d’extrême gauche voulant se substituer aux forces de l’ordre pour les uns et instruire des actions violentes contre nos policiers pour les autres. »

Il formule deux demandes : « je réaffirme que les effectifs du commissariat de Briançon, de la Gendarmerie et de la Police aux Frontières de Montgenèvre doivent être renforcés. Non pas par des renforts temporaires mais de manière durable. » La seconde s’adresse au maire de Briançon, Gérard Fromm, afin de mettre fin « pour de bon à l’appel d’air qui a été créé de toutes pièces par les autorités municipales et mis en application par des associations qui ne sont pas des organisations humanitaires mais politiques. » Arnaud Murgia souhaite également la fermeture de l’ancienne caserne de CRS « et les squatteurs de la maison Amphoux expulsés. Il n’est plus acceptable que la commune de Briançon continue à financer ces associations de manière directe ou indirecte, en payant leurs charges, en leur offrant l’eau, ou en se servant de la MJC pour financer leurs activités. »

 

« Je condamne les actions violentes des militants d’extrême gauche »

Romain Gryzka, leader de l’opposition municipale de Briançon, condamne fermement la mobilisation et les violences qui ont découlé ce dimanche et exprime son « soutien à nos forces de police et de gendarmerie qui, depuis l’occupation de la gare SNCF, sont sur le qui-vive ». L’occasion également pour lui de pointer du doigt la municipalité de Gérard Fromm qui « aide aveuglément des associations comme ‘Tous Migrants’ et certains groupuscules de la mouvance anarchiste et révolutionnaire qui ont lancé des appels sur les réseaux sociaux pour marcher sur Briançon ».

Romain Gryzka renvoie la responsabilité au maire Gérard Fromm et ses deux adjointes Aurélie Poyau et Francice Daerden qui « organisent et facilitent l’accueil des exilés à Briançon au sein du Refuge Solidaire, elle envoie un message clair de l’autre côté de la frontière, ‘Venez à Briançon’ ». Il voit un « danger pour notre économie locale » par les images renvoyées par les médias nationaux, et souligne par la même occasion « l’action non-autorisée mais pacifique de Génération Identitaire aura permis de faire prendre conscience au Ministre de l’Intérieur que la frontière mérite une surveillance de chaque instant ».

 

« Il ne faut pas répondre par la surenchère aux provocations des identitaires »

Gérard Fromm, maire de Briançon et conseiller départemental, condamne et invite les « associations, les bénévoles et toutes les personnes impliquées dans l’accueil d’urgence des exilés à ne pas répondre par la surenchère aux provocations des identitaires. Ni à la polémique nauséabonde alimentée par certains responsables politiques qui ne font que mettre de l’huile sur le feu ».

La municipalité rappelle que face à ce drame humanitaire elle a toujours tenu une position humaniste et responsable afin d’éviter que la situation ne devienne incontrôlable. S’il souligne l’action de solidarité menée pour faire face à la crise migratoire, il rejette en bloc les accusations de certains, notamment Arnaud Murgia, de création d’un « appel d’air selon laquelle il faudrait veiller à ne pas ‘trop bien’ accueillir les migrants afin que d’autres ne soient pas encouragés à prendre le même chemin, il ne s’agit que d’un mythe ».

Une incantation pour l’élu qui ignore « que la perméabilité des passages par le sud de la France étant de plus en plus réduite, l’itinéraire des exilés s’est naturellement déplacé vers le nord. Le Briançonnais n’est devenu une route migratoire privilégiée que depuis que les contrôles se sont intensifiés à la frontière franco-italienne dans les Alpes Maritimes ».

Enfin, Gérard Fromm rappelle que l’ouverture de la maison d’accueil d’urgence « Refuges Solidaires » a été décidée « collégialement » par le conseil communautaire. « À ce titre la CCB, propriétaire du bâtiment, prend en charge les frais de fonctionnement (chauffage, eau…) pour préserver la salubrité des locaux et garantir une bonne hygiène aux occupants ».

 

« Ce n'est pas un hasard si cette activité néo nazie se produit au moment du débat sur la loi Asile et immigration. »

Pour Ensemble 05, derrière cette action se cache une inaction calculée de la part de l’État, se demandant comment un groupement européen identitaire « peut-il en toute impunité faire la chasse aux migrants ? ». Pour Ensemble, « ce n'est pas un hasard si cette activité néo nazie se produit au moment du débat sur la loi Asile et immigration. L’État va-t-il se laisser intimider par une équipe d'extrémistes ? »

Le mouvement dénonce également « une atteinte à l’État de droit et remarquons que l'emploi de la force est à usage variable, massive à NNDL, incroyable lors de l'intervention des douanes pour empêcher une femme nigérienne d'accoucher à l'hôpital et accuser le sauveteur de délit de solidarité, et nulle au col de l’Échelle. »

 

« La préfecture des Hautes-Alpes laisse faire »

Une affirmation venue de la CGT, de la FSU et Solidaires dans le cadre de VISA (Vigilance et Initiative Syndicale Anti-fasciste) qui dénonce une « expédition punitive d’anti migrants » se déroulant « dans l'impunité, sous le feu des projecteurs et sous protection de la police. » Des syndicats qui appellent à « la marche de l'hospitalité » ce samedi 28 avril à 10h30 au départ de la gare de Gap pour « ré-affirmer notre solidarité avec tous les êtres humains ! »

Un appel à la mobilisation relayé également par le comité départemental du Mouvement de la paix, qui dénonce « les agissements provocateurs de groupes sectaires et xénophobes venus semer le trouble au Col de l’Échelle pour une chasse aux migrants. Les Hautes-Alpes ne sont pas un terrain d'action pour des individus qui utilisent la souffrance humaine pour justifier des actes de violences. »  Le Mouvement de la paix se pose également la question de savoir comment ces militants « ont pu arriver jusqu'ici sans encombre depuis les quatre coins de l'Europe ? »

 

A.Cam