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Hautes-Alpes : Gap, la campagne des municipales entre dans l'arène

POLITIQUE / "Nous sommes partis dans un autre hémicycle", a lancé ce vendredi soir le maire de Gap, Roger Didier, lors du conseil municipal qui accueillait un nouveau membre au sein de l'opposition : le candidat Christophe Pierrel

 

- Hautes-Alpes - 

 

"Nous sommes partis dans un autre hémicycle" : une phrase du maire de Gap, Roger Didier, qui résume bien cette nouvelle entrée au sein de l'opposition municipale. Alors que se réunissaient les élus ce vendredi soir, Christophe Pierrel a officiellement pris le fauteuil de Karine Berger. Lui qui est candidat aux municipales de 2020 a bel et bien fait entrer la campagne dans l'arène de la mairie. 

 

Quand le projet de la Cinémathèque d'images de montagne enclenche le débat

Il n'aura fallu que quelques minutes pour que le débat entre le maire Roger Didier et le nouveau conseiller municipal Christophe Pierrel ne démarre. Avec en stimuli le projet de la Cinémathèque d'images de montagne et une rallonge budgétaire de 175.000 euros. Une délibération soutenue par l'opposition mais qui lance les discussions dans un autre hémicycle, celui du Conseil Régional auquel appartient Roger Didier en tant que vice-président de la majorité de Renaud Muselier.

"Je me suis pris à imaginer que nous ayons parmi nous un élu régional ou mieux encore, un vice-président, ironise Christophe Pierrel, nous pourrions alors l'interroger sur le soutien décroissant de l'instance régionale concernant un tel projet". Et c'est alors une guerre des chiffres qui s'ouvre dans les deux camps, l'opposition avançant une enveloppe régionale pour la Cinémathèque passée de 750.000 euros à 245.000 euros, quand Roger Didier affirme d'une somme passée de 700.000 à 300.000 euros.  

 

"Gap a été victime de la gestion Vauzelle", R. Didier

 

Une guerre des chiffres qui laisse s'installer dans les tranchées le débat du Conseil Régional. Un hémicycle que connaissent les deux hommes, Roger Didier de par son statut d'élu, Christophe Pierrel parce qu'il appartenait au cabinet du président PS Michel Vauzelle, avant d'être tête de liste pour les élections régionales 2015 dans les Hautes-Alpes derrière le candidat à l'époque socialiste Christophe Castaner. "Et comme il l'a affirmé, vous aviez un intérêt pécunier à ce qu'il ne retire pas sa candidature au second tour", accuse Roger Didier qui se dit aujourd'hui "victime de la gestion Vauzelle dont vous [Christophe Pierrel - ndlr-] faisiez partie. Ce saupoudrage pratiqué à une époque". Des "on-dits" pour le conseiller d'opposition "qui ne vous grandissent pas".

 

La vidéo-protection : Gap se dotera d'un parc de 107 caméras

"Vous n'imaginez pas les services que cela rend, pour lever ce petit sentiment d'insécurité, pour dissuader la délinquance et les incivilités. Je vais accélérer", martèle Roger Didier. Mais malgré ses arguments, il n'est pas rejoint par le conseiller d'opposition Michael Guittard, qui demande une évaluation du dispositif déjà en place. Et souligne également une insuffisance du personnel au sein de la police municipale, "comment traiter en direct quand il n'y a que deux ou trois équipages ? Il faut consentir à embaucher des policiers municipaux supplémentaires". Fin de non recevoir du maire, "en sept ans, nous avons multiplié par 2,5 le nombre de policiers municipaux qui désormais sont à 17 unités". 

 

Des subventions aux associations disparates pour C. Pierrel

Autre point de désaccord entre l'opposition et la majorité, les subventions aux associations. Des subventions disparates selon Christophe Pierrel qui demande à la majorité des "gages", notamment des "outils de critérisation, cela permettrait aux très nombreuses associations de comprendre ce qui justifie vos choix. Car il n'y a rien de pire que la suspicion et le doute en démocratie". Une lisibilité demandée qui sera reçue par une fin de non recevoir du maire, avançant des "habitudes prises dans les attributions des subventions, je fais confiance à l'Office Municipal des Sports et l'Office municipal culturel pour gérer et je n'ai pas l'intention de m'immiscer dans le fonctionnement". Des arguments qui ne sont "pas entendables" pour l'opposition, "Gap change et évolue, il faut travailler ensemble à faire en sorte que ce soit plus lisible". 

 

"Ne laissez pas les écoles de la République devenir des secondes zones d'éducation", C. Pierrel

 

440.000 euros : c'est le montant de l'emprunt que la Ville garantit pour l'agrandissement de l'école privée du Saint Coeur. Une décision qui laisse Christophe Pierrel perplexe, "les écoles privées sous contrat bénéficient déjà d'avantages consentis par l'État et cela suffit". Le conseiller demande plutôt à la majorité de concentrer son action sur les écoles publiques, "car pour les 22 groupes scolaires de Gap, la campagne de travaux menés actuellement est équivalente à ce que le privé fait sur une école".

 
"Vous parlez de choses que vous ne connaissez pas !", bouillonne François Daroux, adjoint en charge de l'éducation et de la vie universitaire qui ne manque pas d'épingler Christophe Pierrel sur une autre de ses anciennes casquettes : directeur de cabinet de François Hollande. Et de vivement critiquer la réforme des rythmes scolaires. Quant aux travaux au sein des écoles publiques, "nous en faisons chaque année comme les façades de Garde Colombe ou de la Pépinière". Des ravalements de façade qui, pour autant, n'améliorent pas la qualité de l'éducation pour Christophe Pierrel, "il ne faut pas faire les choses en surface". Argument de défense de la majorité : la mise en place, dès la rentrée prochaine, de tableaux blancs interactifs pour les classes de CM1 et CM2.

 

Après Bonne, le parking de la Providence

Décidément, la politique de stationnement à Gap ne met pas les discussions au point mort. Après le parking de Bonne, c'est désormais au projet de la Providence que l'opposition s'attaque. "Chat échaudé craint l'eau froide". Ce projet d'une structure semi-enterrée d'environ 450 places sur quatre niveaux implanté entre l'EHPAD Jean Martin et l'ancien couvent de la Providence, doit voir le jour à la fin 2019. Si la majorité Didier voit l'opportunité de compléter l'offre de stationnement à proximité immédiate du centre-ville et dans le quartier de l'hôpital, pour l'opposition le projet est obsolète. Car il s'appuie sur "un plan de déplacement urbain datant de 14 ans, et qui ne prend pas en compte les changements d'habitude des Gapençais". Des études et des expertises sont donc demandées. 

 

C. Michard