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Hautes-Alpes : migrants, « 10 personnes devraient être retrouvées mortes dans les rues de Gap »

SOCIÉTÉ / Le Réseau Hospitalité dénonce des conditions d'accueil qui ne sont plus assurées par la préfecture. L'État réplique.

 

- Hautes-Alpes - 

 

Nouveau bras de fer entre les associations humanitaires et la préfecture des Hautes-Alpes, sur fond de débat migratoire. Le Réseau Hospitalité dénonce l’accueil réservé dans le département aux migrants n’étant pas reconnus mineurs. « Après la misère, l’esclavage ou la guerre, après la traversée périlleuse de la Méditerranée et des Alpes, c’est la rue qui est promise », selon les responsables du collectif.

10 jeunes migrants auraient dû dormir dans la rue ce mardi soir, selon eux, sans l’aide du Secours Catholique qui a ouvert son local afin d’installer « des matelas de fortune ».  « La préfecture et l’APPASE [gestionnaire des hébergements d’urgence dans les Hautes-Alpes] nous ont répondu qu’aucun hébergement n’est disponible », poursuit le Réseau Hospitalité. « Demain matin, 10 personnes devraient être retrouvées mortes dans les rues de Gap », n’hésite pas à avancer le collectif, qui reproche également à l’État de proposer en solution de repli des hébergements à Briançon, une marche arrière vers « une frontière militarisée, vers une montagne hostile », selon le Réseau.

 

L’État de droit et la protection des personnes vulnérables respectés selon la préfecture

Des accusations que rejette une par une la Préfecture des Hautes-Alpes, qui témoigne d’une demande croissante dans les hébergements d’urgence. Si plus de 140 personnes sont actuellement accueillies, « dont 90 % d’étrangers, dont la majorité en situation irrégulière », la capacité a dû être doublée ces dernières semaines face à la demande croissante. Des solutions d’accueil seraient recherchées chaque jour, selon l’organisme étatique, afin « d'éviter que les personnes vulnérables restent sans solutions ».

Ainsi, quand plus aucune place n’est disponible sur Gap, un hébergement est proposé à Briançon, « très belle commune où plus de 12.000 Haut-Alpins y vivent et des milliers de touristes viennent y séjourner ». La préfecture brosse ainsi les atouts de la 2ème ville haut-alpine, afin d’éloigner l’accusation d’une « frontière militarisée ou d’une montagne hostile ». Mais s’appuie également sur l’État de droit et la fermeté qui doit s’y appliquer : « les personnes majeures en situation irrégulière feront l’objet des mesures de droit commun : éloignement, examen des demandes d’asile… ».

 

Réseau Hospitalité n’épargne pas le Conseil Départemental

Ce collectif vise aussi le Conseil Départemental des Hautes-Alpes, chargé d’évaluer les personnes migrantes se présentant comme mineures et isolées. En 2017, selon la préfecture, 1.238 Mineurs Non Accompagnés ont été enregistrés par le Département, 1.069 avaient fait l’objet d’une évaluation au 31 décembre. Parmi ceux-ci, 58 % ont vu leur minorité confirmée.

Mais pour le Réseau Hospitalité, la réalité est toute autre : sur les MNA qui arrivent actuellement au sein du Conseil Départemental, plus de la moitié d’entre eux « ne sont pas reconnus mineurs alors même que certains en apportent la preuve irréfutable ». Les services du Département qui répliquent aussitôt, refusant que « la compétence de ses personnels » soit remise en cause, avançant des documents d’identité souvent falsifiés ou d’origine douteuse. Documents soumis à l’expertise de la Police Aux Frontières, sous contrôle des magistrats. Une fois les conclusions de l’évaluation établie, c’est au Procureur de considérer si oui ou non la personne qui est arrivée est bien MNA.

 

C. Michard