Hautes-Alpes : vers un Paris-Briançon propriété du département ?

TRANSPORT / Après consultation des citoyens, l'association Perspectives Haut-Alpines propose des solutions à l’enclavement du département, dans le cadre des Assises Nationales de la Mobilité.

 

- Hautes-Alpes -

 

Comment désenclaver les Hautes-Alpes d’ici 20 ans ? L’association citoyenne « Perspectives Haut-Alpines » répond aux Assises Nationales de la Mobilité, lancées le 19 juillet dernier par le Premier Ministre Édouard Philippe. Elle propose des projets à courts et longs termes, issus d’une concertation effectuée auprès de la population des Hautes-Alpes.

 

 

Créée en 2011, l’association « Perspectives Haut-Alpines » se veut apolitique. Elle entend recueillir les attentes de la population, pour porter et défendre des projets qui font unanimité, des projets jugés structurants pour le département. « C’est une association citoyenne, qui représente 600 adhérents. Il y a des élus, des entrepreneurs, des citoyens », explique Bruno Paris, le président de l’association. Elle dit vouloir agir pour le développement économique, environnemental, social et sociétal, mais avec équité et dans un esprit de développement cohérent et durable.

 

« Replacer le citoyen au cœur », B. Paris

 

Le 23 mars dernier, « Perspectives Haut-Alpines » tenait un colloque à Savines-le-Lac avec plus de 100 personnes pour lancer la grande concertation publique sur la mobilité dans les Hautes-Alpes. Un questionnaire papier a été remis ce jour-là, puis mis en ligne sur le site internet de l’association. « Ce qui est sorti en numéro un, c’est l’attachement au train. La nécessité de préserver absolument le train TER et le train de nuit », ajoute Bruno Paris. En second, « la circulation routière ». Il a aussi été question de très haut-débit internet, ou bien de diversification touristique.

 

Pas de projets fous, plutôt des projets réalisables

Pas question de parler de grandes infrastructures comme l’A51 ou le tunnel de Montgenèvre. Pour « Perspectives Haut-Alpines », ces projets ne sont pas à l’ordre du jour faute de financements. Mais aussi parce que Grenoble doit d’abord régler son problème de pollution et de congestion routière avant de pouvoir accueillir une autoroute nouvelle. Par ailleurs, les concessions autoroutières ne peuvent plus être légalement allongées pour financer des projets de telle ampleur. Ce serait donc aux pouvoirs publics de le faire, mais l’argent public est rare. Pour autant, l’association précise qu’il ne faut pas gêner leur possible réalisation un jour, en ne construisant pas là où ces projets sont prévus.

L’association « Perspectives Haut-Alpines » préfère porter, dans le cadre de ces Assises Nationales de la Mobilité, des projets à plus court terme, plus facilement réalisables.

 

Reprendre le Paris-Briançon à la SNCF

L’association propose que les collectivités et entreprises financent à l’avenir le train de nuit Paris-Briançon. Une association de préfiguration sera d’ailleurs lancée en 2018. L’idée est de créer à terme une société qui financera des wagons de qualité, aux couleurs des Hautes-Alpes, et qui pourra même agir sur la commercialisation. Une possibilité offerte par la libéralisation du marché ferroviaire.

 

« Reprendre en main la question du train de nuit », M. Bourgeois

 

« Perspectives Haut-Alpines » propose même de faire passer le train de nuit Paris-Briançon par Grenoble, plutôt que par Valence, pour profiter d’un bassin de vie plus intéressant. Un train qui irait jusqu’à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, pour un terminus à la Gare du Nord multipliant les ouvertures internationales.

 

Des TER plus logiques

Concernant le trafic régional, l’association demande à ce qu’une réflexion globale soit menée sur la multimodalité car-train-voiture. Pour « Perspectives Haut-Alpines », c’est un non-sens de supprimer des TER entre Gap et Briançon aux heures de pointes pour les remplacer par des cars, car les temps de trajets sont plus longs. A contrario, le covoiturage doit être développé vers Marseille, Grenoble et Valence où la route est plus rapide. Un travail doit aussi être mené sur le TGV, avec des temps de correspondances réduits avec les TER en provenance des Hautes-Alpes.

 

En finir avec les bouchons

Sur les routes, un point noir : le péage de La Saulce « qui est encombré tous les week-ends d’hiver ou en grande partie », explique Marc Bourgeois de « Perspectives Haut-Alpines ». L’idée serait de dédoubler l’échangeur existant en rallongeant l’autoroute A51 de 10 km vers Lettret et Remollon. Il y aurait donc deux péages, l’un pour ceux qui vont dans le Gapençais et un autre pour ceux qui vont en Ubaye ou vers le nord des Hautes-Alpes.

 

« Financé par les sociétés d’autoroutes, par les péages, sans un centime d’argent public », M. Bourgeois

 

 

Pour les trois axes vers Grenoble, RD 1075, RN 85 et RD 1091, « Perspectives Haut-Alpines » préconise des « investissements modérés », qui permettent d’assurer un temps de trajet maximal d’1h30, en créant des créneaux de dépassements à intervalles réguliers, tous les 5 km environ.

 

Plus de vélos dans les rues

L’idée est aussi de développer la pratique du vélo pour les trajets quotidien, avec plus de pistes cyclables, des locations de vélos et des parkings sécurisés. « Pour que chacun soit sûr de retrouver son vélo, surtout son vélo électrique à 2.000 euros », précise Marc Bourgeois.

 

Tous unis derrière ces idées

Des mesures envoyées à la Ministre des Transports, Élisabeth Borne. Un document co-signé par la Chambre de Commerce et d'Industrie : « Il y a une prise de conscience qu’il faut être ensemble pour avancer », a réagi le président de la CCI Éric Gorde. Il y a aussi la Chambre de Métier et de l’Artisanat, l’UPE 05, la fédération BTP 05 et son président Stéphane Scarafagio : « J’aime beaucoup cette démarche démocratique. Elle donne de l’ambition pour notre département ». Et le dernier signataire est l’association pour la Déviation de La Roche-de-Rame.