Hautes-Alpes : migrants, une dérive de l'État de droit comme le dénonce "Tous Migrants" ?

SOCIÉTÉ / Le collectif "Tous Migrants" lance une pétition pour s'opposer à des "dérives policières et militaires, une traque à l'homme et le renvoi en Italie de personnes majeures malgré leur situation de demande d'asile". Mais semble oublier certains textes internationaux...

 

- Hautes-Alpes - 

 

« Traques à l’homme », « non-assistance à personne en danger », contrôles basés sur la couleur de peau : « Tous Migrants » passe à la vitesse supérieure et accuse la préfecture de dérive de l’État de droit. Alors que le département des Hautes-Alpes connaît depuis le début de l’année, et en particulier depuis cet été, un flux migratoire important notamment de Mineurs Non Accompagnés, le collectif lance une pétition en forme d’alerte à l’État, aux représentants et aux citoyens.

 

« Nous appelons à résister à cette dangereuse dérive de l’État de droit », Tous Migrants

 

Après les mobilisations, les accusations. Et « Tous Migrants » n’y va pas de main morte. Le collectif s’inscrit en témoins de dérives militaires et policières à la frontière… et parle de traques à l’homme, de contrôles d’identité sur la couleur de peau, d’absences de traducteurs lors d’interpellations de migrants, d’intimidations de citoyens solidaires. Il en appelle à la protection des mineurs et des demandeurs d’asile, des étrangers qui ne sont pas « en situation irrégulière » et doivent être selon eux protégés par les conventions internationales. « Tous Migrants » accusent ainsi l’État de renvoyer en Italie les personnes majeures malgré leur situation de demandeur d’asile et s’appuient sur les accords de Schengen.

 

Le Code Schengen, un document oublié par le collectif

Sauf que, si ces accords permettent bien « la libre circulation des Hommes » au sein des États membres, cela se déroule sous certaines conditions définies par un document parallèle : le Code Schengen.

Que dit-il ? Lorsqu’un demandeur d’asile se trouve irrégulièrement sur le territoire d’un autre pays pendant la durée de la procédure, l’État responsable du traitement de la demande doit le reprendre. Bien souvent l’Italie dans le cas des demandeurs d’asile présents dans les Hautes-Alpes. Il n’y a donc pas de dérives de l’État de droit dans le Briançonnais. D’autant que, toujours selon le Code Schengen, aucun État n’a l’obligation d’autoriser le demandeur d’asile à pénétrer ou séjourner sur son territoire.

Quant aux accusations de « non assistance à personne en danger », certaines voix s’élèvent et préfèrent parler en OFF pour expliquer que, malgré l’accord et le Codes de Schengen, quand il faut secourir, secours il y a. Notamment cet été lorsque les gendarmes ont porté assistance à une femme migrante et enceinte.

 

Une politique migratoire d’accueil et ferme

La politique migratoire dans les Hautes-Alpes découle directement de l’application voulue au niveau national : une politique d’accueil. La semaine dernière, ce sont 73 mineurs qui ont été mis à l’abri par le Département, épaulé par l’État. Et alors que 850 ont passé la frontière des Hautes-Alpes depuis le 1er janvier 2017, 1.062.500 euros ont été délivrés par la Nation au Département pour la prise en charge durant l’évaluation (250 euros par jour pendant cinq jours par migrant).

Une politique qui est aussi ferme, avec des contrôles renforcés. Alors qu’ils devaient prendre fin le 1er novembre, le chef de l’État Emmanuel Macron a décidé de les prolonger de 6 mois. 1.260 personnes ont été interpellées depuis le début de l’année et renvoyées en Italie, contre 315 l’an dernier. Parmi ces individus, 20 passeurs contre trois l’an dernier.

 

« Pas de scolarisation des mineurs non accompagnés », regrette le PCF

Le Parti Communiste Français des Hautes-Alpes interpelle également le préfet des Hautes-Alpes, en regrettant l’absence de scolarisation des mineurs non accompagnés. Une situation « inacceptable » pour le PCF, mais qui peut s’expliquer par la présence pendant 5 à 8 jours de ces jeunes gens, un temps court qui ne permet pas de faire un bilan éducatif. Quant aux 35 mineurs non accompagnés placés dans les Hautes-Alpes, eux bénéficient bien d’un accompagnement scolaire.