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Hautes-Alpes : de l'enregistrement à l'accompagnement des mineurs non accompagnés - Reportage

SOCIÉTÉ / Alors que les oppositions les plus virulentes se font jour face à l’afflux de mineurs étrangers non accompagnés dans les Hautes-Alpes, Alpes 1 a suivi un entretien au sein du Département. Sur les 126 ordonnances de placement rendues par la justice, seulement 16 jeunes sont restés dans les Hautes-Alpes.

 

- Hautes-Alpes -

 

Alpes 1 Reportage : alors que l’accueil des mineurs isolés dans les Hautes-Alpes fait naître de vives inquiétudes, doublées d’oppositions virulentes, immersion ce lundi au sein du service du Conseil Départemental chargé de traiter les dossiers des mineurs étrangers non accompagnés. Depuis le début de l’année, 488 jeunes sont passés entre les mains de ce service, un peu plus de 150 sont actuellement hébergés. Une prise en charge qui dépend de la compétence « protection de l’enfance » du département, mais à laquelle participe financièrement également l’État. Explications du processus, et chasse aux fausses informations.

 

« Les équipes connaissent les ficelles et les pièges »

Depuis 10h30 ce matin, ils se succèdent par groupe de 10 au sein du bureau de deux travailleurs sociaux de l’Aide Sociale à l’Enfance, afin de recevoir des bons alimentaires. Une évaluation est également effectuée afin de confirmer leur minorité et leur isolement familial. Une fois que l’Aide Sociale à l’Enfance a terminé l’évaluation sociale, et confirmé la minorité, le dossier est transféré au parquet de Gap. C’est à la justice de décider du placement final du jeune en France, selon une répartition géographique et démographique.

Et contrairement aux idées reçues, tous les mineurs ne restent pas dans les Hautes-Alpes. Au 25 août, sur les 126 ordonnances rendues par la justice, 16 seulement sont restés dans le département. « Soit seulement 10 % qui sont confiés jusqu’à leur majorité », explique Jérôme Scholly, le directeur général des services du Conseil Départemental des Hautes-Alpes.

 

 

250 euros par jour pendant 5 jours financés par l’État, « ce n’est pas suffisant »

Le département estime que l’accueil des mineurs isolés représentera pour l’année 2017 un budget d’environ 2 millions d’euros, contre 46.000 euros inscrits au budget primitif 2017. Une somme à laquelle n’est pas ôtée l’aide de l’État, à hauteur de 250 euros par jour, pendant cinq jours. Une période qui correspond, selon les pouvoirs publics, à la durée d’évaluation d’un dossier. Problème : actuellement, les services sont saturés. L’hébergement se prolonge au-delà de cette période, « cela couvre une dizaine de jours et on sait que les migrants accueillis sont restés en moyenne deux mois ».

 

Un goulot d’étranglement faute d’effectifs

L’équipe n’est pas suffisante pour traiter aussi rapidement tous les cas, « on a un goulot d’étranglement car le Département ou la Justice ne sont pas dimensionnés pour faire face à un afflux aussi importants », poursuit le directeur des services. Quatre travailleurs sociaux vont être recrutés en CDD pour réaliser les évaluations, ils seront opérationnels cette semaine. Le Conseil Départemental se dit prêt à augmenter à nouveau les effectifs si cela s’avère nécessaire.

Mais pour l’institution, si la protection de l’enfance est bien une compétence départementale, le problème des flux migratoires ne doit plus dépendre de son autorité. Un rapport de juin dernier de deux sénateurs, Elisabeth Doineau et Jean-Pierre Godefroy, propose de confier l’évaluation des mineurs isolés aux régions, et de conserver la prise en charge aux départements.

 

 

Mais entre les représentants du Département et le préfet des Hautes-Alpes, Philippe Court, pas de polémique. On travaille main dans la main, « avoir accueilli la semaine dernière 73 mineurs était la réponse à apporter, une réponse de responsabilité, d’humanité et pragmatique : on peut les évaluer plus rapidement », souligne le Préfet Philippe Court. Le représentant de l’État se dit convaincu que, lorsque ces nombres importants seront gérés, « on rentrera dans un système plus fluide ».

 

Le reportage de Cyrielle Michard :