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Hautes-Alpes : Polyclinique des Alpes du Sud... 80 % de grévistes face à une direction sourde et muette

SANTÉ / 80 % du personnel de l'établissement de santé était en grève ce mardi, pour dénoncer une dégradation des conditions de travail... Management agressif, destruction des plannings initiaux, fin de la sectorisation du personnel infirmier, une enquête sur les risques psychosociaux est en cours

 

- Hautes-Alpes -


80 % de grévistes devant les portes de la Polyclinique des Alpes du Sud à Gap. Et un seul sentiment : le ras-le-bol de cette"oppression" comme l'explique un membre du personnel, qui déclenche une série d'arrêts maladie.

 

La Polyclinique des Alpes du Sud, du bord du gouffre au bord de la dépression

Il y a trois ans en arrière, l'établissement géré par une société anonyme, était au bord du dépôt de bilan. Il aura fallut la réinjection de plus de 2 millions d'euros par un nouvel actionnaire, la clinique de la Casamance, pour redresser la barre. Mais pas sans efforts du personnel : "pour augmenter le chiffre d'affaires, il fallait revoir la masse salariale à la baisse", explique Christian Clavo, délégué CGT au sein de la Polyclinique. Des négociations ont été entamées avec le personnel, des économies ont été trouvées, une réorganisation a été mise en place "mais les desideratas de chacun avaient été entendus à l'époque", poursuit le syndicaliste.

 

Des résultats au rendez-vous, mais une "politique d'austérité" qui se poursuit

Malgré les efforts réalisés des deux côtés, la politique "d'austérité" se poursuit selon la CGT. L'organisation syndicale dénonce des agents des services hospitaliers "et non hôteliers" contraints de faire la plonge "avec du matériel obsolète, de plus en plus de surcharge de travail avec de moins en moins de personnel". La CGT pointe également la fin de la sectoralisation du personnel infirmier et ASQ (Agent des Services Qualifié) qui ont été obligés de tourner dans tous les services, une fonte des effectifs administratifs "avec de plus en plus d'attente pour les patients" et un turn-over "nous en sommes au troisième chef de bloc successifs, troisième responsable de l'entretien, troisième responsable des unités de soins et troisième chef comptable". Une somme de conflits qui a créé "un mal être du personnel", explique Christian Clavo, un malaise qui s'est amplifié avec le départ du responsable des ressources humaines.

 

Un DRH, dernière soupape de sécurité ?

Un départ regretté par le personnel, qui aujourd'hui reproche à la direction la destruction des plannings initiaux qui entraine une polyvalence du personnel "avec un dérapage des tâches : certains ASQ se retrouvent au nettoyage, aux archives, à la pharmacie". Quant à la direction, elle mettrait sans cesse en avant la présence de 20 % de personnel en trop qui serait aujourd'hui menacé. 20 % d'employés en trop justifiés selon Christian Clavo "par la fermeture depuis plusieurs mois du service de médecine et du service d'ambulatoire". Une enquête sur les risques psychosociaux est actuellement en cours au sein de l'établissement, à la demande du Comité d'Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail, avec la Médecine du travail et l'Inspection du Travail.

 

Une direction muette à la presse, sourde au personnel

La rédaction d'Alpes 1 a tenté de joindre la direction, en vain. Dans un courrier que nous nous sommes procuré, elle explique qu'il "est trop tard pour se lamenter" et parle d'un "travail de sabotage (...) Il est entendu que cette grève peut durer puisqu'aucune de leurs revendications n'est recevable". Le personnel craint la rupture totale du dialogue.

À noter que le directeur du Conseil d'Administration de la Polyclinique est l'époux de la toute fraichement élue députée de la première circonscription des Hautes-Alpes, Pascale Boyer.