- Hautes-Alpes -

Si vous êtes à la recherche d’un haut lieu de la désunion politique dans les Hautes-Alpes, nous vous conseillons le canton de Tallard-Barcillonnette. Et plus précisément les communes mitoyennes de Tallard et Lettret. L’une tenue par le président de la communauté de communes de Tallard-Barcillonnette et maire de Tallard, Jean-Michel Arnaud (LR) et l’autre par le conseiller départemental et maire de Lettret, Rémy Oddou (DVG).

Deux hommes aux antipodes politiques et humains

Comme chien et chat, ils se rendent coup pour coup aussi bien à travers les médias que sur les réseaux sociaux. Dernier exemple, ce samedi, avec un statut Facebook sous forme de « Questions pour un Champion » signé Jean-Michel Arnaud.

Une question, avec un indice qui aura rapidement trouvé une réponse par l’intermédiaire du principal intéressé. Le lendemain, clavier en main, le maire de Lettret répond donc à cette attaque et se justifie, accusant Jean-Michel Arnaud d’être le propre responsable de ce choix politique et fiscal sur sa commune :

Pour Rémy Oddou, le président de la communauté de communes de Tallard-Barcillonnette, favorable à l’intégration à la communauté d’agglomération de Gap, l’a de fait poussé à prendre les devants sur une fiscalité qui sera, selon lui, désavantageuse pour la commune de Lettret.

« Comme je l'expliquais aux Lettretiens, le conseil municipal a voté une augmentation des taux de taxe communale, pour anticiper les conséquences de l'entrée dans l'agglomération de Gap », explique le maire de Lettret. Rappelant, à juste titre, que lorsqu’une commune intègre une communauté d'agglomération, « elle perd ses recettes fiscales qui lui proviennent des entreprises, au profit de l'agglomération, qui lui reverse ensuite une attribution de compensation, dont le montant dépend des recettes fiscales perçues l'année précédant l'intégration (…) C'est donc pour que l'agglomération reverse annuellement près de 4.000€ d'attribution en plus chaque année à Lettret que le conseil municipal a voté cette augmentation.»

Filouterie politique à la défaveur des autres communes de l’agglomération en vue

En effet, en actionnant ce levier le maire de Lettret espère recevoir une enveloppe annuelle plus conséquente de la part de l’agglomération, tout en promettant aux habitants de Lettret un retour au taux fiscal initial, dès l’astuce mise en place. Rien d’illégal à cette démarche, mais tout de même une question se pose. Si chacune des communes décidaient d’en faire autant, à savoir augmenter sa fiscalité avant intégration à l’agglomération, afin de bénéficier de plus de retombées dans les caisses de sa commune, comment les comptes de cette même agglomération pourraient s’équilibrer ?

Une démarche que justifie l’élu par la défense fiscale de sa commune. Mais si cette tendance venait à se généraliser, ce serait un jeu dangereux qui pourrait remettre en question le fond de péréquation entre les communes les plus riches et communes plus pauvres.

Gestion budgétaire des communes, Rémi Oddou contre-attaque, mais ne dit pas tout.

Dans sa réponse, le maire de Lettret souhaite également mettre avant la différence de gestion entre sa commune et celle de Jean-Michel Arnaud chiffres à l’appui. « Puisque M. Arnaud émet des commentaires sur la gestion de Lettret, comparons avec sa gestion de Tallard ». Une tentative qui tend à prouver que sa commune est moins taxée que celle de Tallard :

Taux de taxe d'habitation en 2016 (Chiffres R.Oddou) :

Lettret : 9,76%

Tallard : 13,12%

Taux de taxe sur le foncier bâti en 2016 (Chiffres R.Oddou) :

Lettret : 8,53%

Tallard : 17,96%

Mais dans sa démonstration, Remi Oddou oublie de prendre en compte la moyenne de la strate pour aller jusqu’au bout de sa démonstration.

Une moyenne qui démontre bien que la commune de Lettret est en dessous de la strate (10,03%) pour le foncier bâti, et Tallard au-dessus avec une moyenne de 15,04%. En revanche pour la taxe d’habitation si Lettret est bien en dessous (13,43%), c’est également le cas pour Tallard (17,14%) . Une démonstration qui peut donc trouver ses limites. (Chiffres Ministère des Finances)

Un poulailler contre un Centre Éducatif Renforcé …

Une démonstration de gestion que conclut le maire de Lettret par une nouvelle missive contre le Centre Educatif Renforcé (CER), qui devrait voir le jour à Tallard : « Pour finir, à Lettret, on installe un poulailler municipal près du village pour faire profiter les gens qui n'ont pas de jardin, à Tallard, on installe un Centre Educatif Renforcé au beau milieu d'un quartier résidentiel... faites votre choix. »