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Hautes-Alpes : abattoir de Guillestre fermé, quel sera son avenir ?

AGRICULTURE / La structure gestionnaire, la SICA, fait face à un déficit important et a été placée en liquidation judiciaire. Des offres de reprise ont été faites, dont certaines n'aboutiront pas

 

 

- Hautes-Alpes -

Depuis vendredi, l’abattoir de Guillestre affiche portes closes. Son gestionnaire, la SICA (Société d’Intérêt Collectif Agricole) est en liquidation judiciaire, une procédure ouverte depuis la fin du mois de juillet. En cause : le déficit qui ne permet plus aujourd’hui l’exploitation. Une situation qui n’a fait qu’empirer ces derniers mois, avec des difficultés soulignées à de multiples reprises et donnant lieu à diverses réunions. Malgré cela, aucune solution n’a pu être mise en place suffisamment tôt afin d’éviter à la structure de fermer. Une structure gérée par la SICA, mais dont les murs appartiennent au Syndicat Mixte Intercantonal qui réalise les investissements pour l’aménagement.

 

Les raisons du déficit

Contacté, la direction de la SICA précise qu’au 31 décembre 2015, 60.000 euros de déficit étaient comptabilisés. Et que les comptes allaient se clôturer au 31 décembre 2016 avec 75.000 euros. La SICA a donc saisi le tribunal de commerce pour demander la liquidation de la société, suite à une cessation de paiement, « nous avons fait face à nos difficultés et nous les assumons entièrement », explique sur Alpes 1 Jérémy Jean-Pierre. Des difficultés qui selon lui sont dues à une forte augmentation des coûts d’équarrissage à cause d’une entreprise ayant le monopole et faisant gonfler les factures. Mais aussi la vente de cuirs et de peaux, qui contribuait aux recettes de la structure, mais dont les cours ont chuté à l’échelle mondaiel. Et enfin la règlementation sanitaire Bien Etre Animal nécessitant plus d’opérations et dont un surcoût de main d’œuvre. Cinq personnes constituaient l’effectif de l’abattoir, des salariés employés par un groupement d’employeurs dont 70 % du chiffre d’affaires provient de la SICA. Et qui lui aussi pourrait être mis en liquidation judiciaire, cela aboutissant à un licenciement économique des cinq salariés.

 

 

Les collectivités locales avancent une offre de reprise jusqu’à fin décembre : refus du préfet

Depuis plusieurs jours, les machines sont donc au point mort, alors que le Syndicat Mixte Intercantonal de Guillestre, qui regroupe les cinq communautés de communes du Guillestrois, de l’Argentiérois, du Briançonnais, de l’Embrunais et du Queyras, a fait une proposition de reprise de cette activité d’abattage jusqu’à fin décembre, en attendant de trouver une autre solution. Proposition avancée le 3 août dernier lors d’une réunion avec le Préfet des Hautes-Alpes, qui l’a refusée. Selon l’État, il s’agit d’un secteur commercial dans lequel les collectivités ne pouvaient intervenir. Une décision que regrette le maire de Guillestre, Bernard Leterrier, « nous avons été obligé de développer l’abattoir en réalisant un million d’euros d’investissements, parce que les abattoirs de Briançon et d’Embrun avaient fermé ».

 

 

Les agriculteurs pourraient mettre la main à la poche

Une réunion s’est tenue vendredi, avec une centaine d’agriculteurs venus du nord du département des Hautes-Alpes mais aussi de l’Ubaye. Une 15aine a proposé de faire repartir la machine, « pour étudier une nouvelle forme de société pour l’abattage à Guillestre. Mais il faudra peut être revoir à la baisse les jours d’ouverture, faire des économies en terme de personnel, les éleveurs devront peut être travailler eux-mêmes sur la chaine ». Un groupe de travail a été formé, il doit se réunir à nouveau la 2ème semaine de septembre avant de présenter son plan de reprise la 3ème semaine de ce mois aux collectivités locales et services de l’État.

 

 

Vers une fusion haut-alpine ? Le président de l’abattoir de Gap dit non

 

Une fermeture qui fait également remonter dans les couloirs une idée en suspens depuis plusieurs années : ne faire plus qu’une seule gestion des abattoirs de Gap et de Guillestre. A cette idée, le président de la structure de Gap dit non, « nous ne sommes pas gérés de la même façon. Si nous devons fusionner, ce sera avec Sisteron ».

Bruno André pointe le manque de structure de l’abattoir de Guillestre, « le fonctionnement n’était pas régulier sur l’année et en volumes. Les agriculteurs et les bouchers devront se structurer. Ce n’est pas ‘un jour je fais abattre et puis pendant 15 jours non’. Un abattoir, pour qu’il tourne, ce sont des rythmes d’abattage réguliers ». Le président va plus loin dans le débat et demande également que toutes les structures d’abattage des Hautes-Alpes soient désormais logées à la même enseigne en matière d’aides publiques, « à Gap, nous nous attachons à équilibrer les comptes pour que ça coûte le moins possible aux contribuables avec un minimum d’aides publiques, qui n’interviennent que sur l’investissement. Ce qui ne semble pas être le cas de Guillestre, avec des collectivités locales qui ne cessaient de combler le déficit public ».

 

 

 

Bernard Leterrier, maire de Guillestre, regrette le refus du Préfet face à l'offre de reprise des collectivités locales

Bernard Leterrier, maire de Guillestre, avance une offre proposée par des agriculteurs :

Bruno André, président de l'abattoir de Gap, se dit vigilant à un traitement d'égalité entre les structures d'abattage :