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Hautes-Alpes : « nous jeunes de gauches, nous nous engageons contre ce projet de loi Travail »

POLITIQUE / La jeunesse de gauche ne décolère pas contre le projet de loi Travail, Elsa Ferrero, militante PCF et conseillère municipale d’opposition de Gap et Rémi Roux, animateur fédéral du MJS 05 et conseiller municipal à l’Argentière-la-Bessée, dénoncent dans une tribune commune « les méfaits de la loi El Khomri .»

 

-Hautes-Alpes-

La jeunesse de gauche ne décolère pas contre le projet de loi Travail en France, mais aussi dans les Alpes du Sud. Avec un front commun entre le PCF et le PS. Elsa Ferrero, militante PCF et conseillère municipale d’opposition de Gap et Rémi Roux, animateur fédéral du MJS 05 et conseiller municipal à l’Argentière-la-Bessée, dénoncent dans une tribune commune « les méfaits de la loi El Khomri .»

Si le gouvernement se réjouit du report du projet de loi El Khomri, qui a permis des discussions pour « obtenir des avancées », le ton reste acerbe du côté des Jeunes socialistes et des Jeunes communistes qui ont, au contraire de leurs ainés, su s’unir sous une même bannière : « Projet de loi El Khomri : faux progrès, vraie régression sociale »

Après le « Trop c'est trop » de Martine Aubry dans Le Monde et la pétition contre ce texte qui rassemble plus de 1.273.000 signatures ce lundi matin, Elsa Ferrero et Remi Roux publient leur propre tribune sur Alpes 1.

 

« Une réelle régression pour les travailleurs »

Les élus y dénoncent un nouveau rapport de force dans le droit du travail, « en France le droit du travail part du consensus qu'en l'absence de réglementation les détenteurs des outils de production (patronat) ont un rapport de force supérieur à ceux qui apportent leur force de travail (salariat), il faut donc protéger ces derniers. La loi El Khomri casse sans impunité ce compromis social. »

 

Les heures supplémentaires :

« Le projet de loi propose une diminution de leur rémunération sur simple accord d’entreprise, accord entre l’employeur et les syndicats ou à défaut représentant du personnel. À cette diminution s’ajoute la possibilité pour l’entreprise d’augmenter la durée du temps de travail hebdomadaire sur une période de 16 semaines. Heures supplémentaires qui peuvent être payées sur une période allant jusqu’à 3 ans. Réduction du temps libre, stagnation du pouvoir d’achat, travailler plus pour gagner moins…. Voilà la proposition du gouvernement ! »

 

Le concept de flexisécurité avec le Compte Personnel d’Activité :

« Au nom de l'adaptation au monde du travail, le Compte Personnel d’Activité est l’outil qui permet de légitimer sur fond de pseudo « sécurisation des parcours professionnels» la flexibilité des emplois chers aux libéraux. Le travail n'est pas une marchandise, il ne s'échange pas comme n'importe quel autre bien ou service, ce sont des compétences qu'il faut valoriser et récompenser dans la durée. »

 

Le droit à la formation :

« formation bien que nécessaire aura un impact limité sur les embauches. elle ne permettra pas aux 3,5 millions de demandeurs d'emplois de trouver un travail alors qu'il n’existe que 300.000 offres d'emplois non pourvues. Même si le gouvernement a annoncé qu'il reculait concernant les indemnités prud’homales, le barème indicatif progressif reste problématique. Les juges seront inconsciemment amenés à les appliquer, ce qui fragilisera les salariés les plus récemment embauchés en cas de licenciement arbitraire. »

 

Les licenciements économiques :

Pour Elsa Ferrero et Rémi Roux, « contrairement à ce qu'affirme le credo libéral, faciliter les licenciements ne facilite pas les embauches », fustigeant un projet de loi qui  « n’apporte pas de garantie pour le salarié, il en fait une machine et ce au péril de sa productivité. »

 

Une réforme « moderne » et « pragmatique » ?

Une rhétorique à laquelle n’adhèrent pas les élus : « Le progrès c'est faire en sorte que chacun trouve sa place dans la société, s'épanouisse dans un travail, contribue à l'effort collectif. Il faut récompenser et valoriser le travail au lieu de chercher à réduire à tout prix les salaires et flexibiliser les emplois. Les gains de productivité liés aux innovations technologiques amènent inéluctablement à une baisse du temps de travail. »

 

Retrouvez l’intégralité de la tribune ici :

 

 

"Projet de loi El Khomri : faux progrès, vraie régression sociale"
Elsa Ferrero (20 ans, militante PCF) conseillère municipale à Gap (Hautes-Alpes) et Rémi Roux
(26 ans, animateur fédéral du MJS 05) conseiller municipal à l'Argentière la Bessée (Hautes-Alpes).
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« Le projet de loi sur le Travail sera présenté ce jeudi 24 mars en conseil des ministres. Ce texte suscite la vive inquiétude des salariés, étudiants et syndicats qui étaient près de 500 000 à se mobiliser partout en France lors de la journée de mobilisation du 9 mars. Ce projet de loi initial représente une réelle régression pour les travailleurs salariés de ce pays. Même si le texte initial va être modifié à la marge par les parlementaires, nous savons d’ores et déjà qu'à l'arrivée le texte final restera peu ou prou celui que nous connaissons actuellement.

Non seulement cette loi n'apporte pas de progrès pour les 22 millions de travailleurs salariés, mais elle n'apporte aucune solution pour les 3,5 millions de demandeurs d'emplois, les 3,2 millions travailleurs précaires et ne propose rien de durable pour les situations de malaise au travail. En France le droit du travail part du consensus qu'en l'absence de réglementation les détenteurs des outils de production (patronat) ont un rapport de force supérieur à ceux qui apportent leur force de travail (salariat), il faut donc protéger ces derniers. La loi El Khomri casse sans impunité ce compromis social.

Concernant les heures supplémentaires, le projet de loi propose une diminution de leur rémunération sur simple accord d’entreprise, accord entre l’employeur et les syndicats ou à défaut représentant du personnel. À cette diminution s’ajoute la possibilité pour l’entreprise d’augmenter la durée du temps de travail hebdomadaire sur une période de 16 semaines. Heures supplémentaires qui peuvent être payées sur une période allant jusqu’à 3 ans. Réduction du temps libre, stagnation du pouvoir d’achat, travailler plus pour gagner moins…. Voilà la proposition du gouvernement !

Ce projet de loi n’apporte pas de garantie pour le salarié, il en fait une machine et ce au péril de sa productivité. Productivité qu’il prétend pourtant défendre. Même si la durée légale du temps de travail hebdomadaire reste de 35h, la future loi permet potentiellement d'avoir recours jusqu'à 60h de travail hebdomadaire avec le recours aux heures supplémentaires. Dans ces cas-là comment peut-on être productif en travaillant 60h par semaine tout en conciliant une vie sociale ? Au passage dans ce débat, personne ne s'étonne que la loi permet à des salariés de travailler jusqu'à 60h par semaine alors qu'il y a 3,5 millions de chômeurs dans ce pays. N’y a t il pas là une contradiction ?

D'autres part le projet de loi introduit le concept de flexisécurité avec le Compte Personnel d’Activité (CPA) destiné aux salariés, professionnels indépendants, employés de la fonction publique qui fonctionnerait sur le principe d'un système de cotisation pour bénéficier d'heures de formation lors d'une éventuelle reconversion professionnelle. Au nom de l'adaptation au monde du travail, le Compte Personnel d’Activité est l’outil qui permet de légitimer sur fond de pseudo « sécurisation des parcours professionnels» la flexibilité des emplois chers aux libéraux. Le travail n'est pas une marchandise, il ne s'échange pas comme n'importe quel autre bien ou service, ce sont des compétences qu'il faut valoriser et récompenser dans la durée.

La généralisation du droit à la formation bien que nécessaire aura un impact limité sur les embauches. elle ne permettra pas aux 3,5 millions de demandeurs d'emplois de trouver un travail alors qu'il n’existe que 300.000 offres d'emplois non pourvues. Même si le gouvernement a annoncé qu'il reculait concernant les indemnités prud’homales, le barème indicatif progressif reste problématique. Les juges seront inconsciemment amenés à les appliquer, ce qui fragilisera les salariés les plus récemment embauchés en cas de licenciement arbitraire. Parmi les concessions accordés par le gouvernement pour apaiser les jeunes, la garantie jeune brandie par le gouvernement n’a rien d’une nouveauté. Mise en place en 2013, ce dispositif offre aux jeunes « la chance d'une intégration sociale et professionnelle grâce à un parcours intensif de formation et d'accès à l'emploi».

Concernant les licenciements économiques la loi permettrait à une entreprise de justifier les licenciements par la baisse du chiffre d'affaire pendant plusieurs trimestres et cela en totale déconnexion de la prise en compte de l'ensemble du groupe et de ses autres filiales situées à l'étranger. Admettons que si une multinationale a une santé dynamique sur l'ensemble de son groupe, mais qu'elle enregistre une baisse d'activité momentanée en France, sa démarche de licenciement économique serait potentiellement recevable. Ce qui signifie qu'un salarié d'une filiale peut se faire licencier d'une entreprise dont le groupe enregistre des bénéfices. Est-ce acceptable ?

Contrairement à ce qu'affirme le credo libéral, faciliter les licenciements ne facilite pas les embauches. Les entrepreneurs accueillent, forment et valorisent un emploi salarié parce que cela contribue à créer de la valeur ajoutée au sein de l'entreprise. La préoccupation d'un entrepreneur lorsqu'il embauche est celle de répondre à la demande de ses clients et de remplir son carnet de commande. La faiblesse des carnets de commande des entreprises est la réelle cause du chômage actuel. Bien entendu il n'est pas ici question de vouloir faire du CDI une norme intangible, pour des raisons divers. Nous sommes tous amenés un jour ou l'autre à changer de travail et à évoluer professionnellement. Le « CDI pour tous » n'est ni un projet crédible, ni souhaitable pour la société de demain. Pour autant la valse incessante de la main d’oeuvre n'est ni efficace économiquement, même compensée par de la formation, ni épanouissante pour les travailleurs qui fournissent plus d'effort à s'adapter plutôt qu'à développer des compétences qu'ils renforcent au fur et à mesure du temps.

L'argument qui consiste à dire qu'il faut être « moderne » et « pragmatique » afin d'accepter des réformes économiques libérales ne constitue pas un argument en soit. Le progrès c'est faire en sorte que chacun trouve sa place dans la société, s'épanouisse dans un travail, contribue à l'effort collectif. Il faut récompenser et valoriser le travail au lieu de chercher à réduire à tout prix les salaires et flexibiliser les emplois. Les gains de productivité liés aux innovations technologiques amènent inéluctablement à une baisse du temps de travail. Les Français travaillent deux fois moins qu'il y a un siècle non pas parce qu'ils sont moins motivés mais parce que les machines et les ordinateurs permettent de produire plus en moins de temps.

Ce projet de loi remet en cause la place même du travail dans la vie de l’individu. Travaillons moins, mieux, et tous ! Utilisons ce gain de temps pour permettre aux gens de s'occuper de la collectivité ou de leur proche. La philosophie de ce texte de loi est déjà trop imprégnée du libéralisme économique pour pouvoir espérer qu'une modification puisse améliorer quoi que ce soit. Cette loi a pris un mauvais chemin, elle doit être tout simplement abandonnée, sans quoi le gouvernement va s'y casser les dents.

Pour toutes ces raisons nous jeunes de gauches, nous nous engageons contre ce projet de loi et invitons tous ceux qui se sentent concernés directement ou non à poursuivre la lutte pour son retrait. »

 

Notez qu’Elsa Ferrero et Rémi Roux seront les invités d’Alpes 1, mercredi à 18h dans Au Bout de l’Actu.