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Hautes-Alpes : 260.000 € pour les bâtiments du conseil départemental dont 60.000 € pour l’appartement du président

ÉCONOMIE / À l’heure des économies à tous les étages, la commission aménagement accorde des crédits de rénovation aux bâtiments du conseil départemental qui posent question. Les explications ici.


- Hautes-Alpes -

« Financer uniquement les projets importants », c’était le mot d’ordre pour le budget 2016 du département des Hautes-Alpes présenté le 28 janvier dernier. Un budget estimé à près de 150 millions d’euros, en baisse par rapport à l’année dernière, avec comme cause principale citée par les élus : la baisse des dotations de l’État, conjuguée avec une stabilisation de l’impôt. Et pour l’ensemble de l’assemblée départementale, un seul mot d’ordre accepté par tous : « faire des économies partout. » Partout ? Pas si sûr.


Une rénovation à hauteur de 200.000 € pour l’entrée du bâtiment du conseil départemental

Le bâtiment du Conseil Départemental a aujourd’hui plus de 30 ans et ne répond plus aux normes de sécurité découlant de l’état d’urgence, après les attentats de Paris. Une situation qui inquiéterait les employés du département, se sentant au quotidien « vulnérables de tous agissements d’un déséquilibré. C’est donc un moyen de répondre à ce manque de sécurisation.» 200.000 euros ont donc été votés pour rénover l’entrée du bâtiment, « je pense qu’à la sortie ce sera plutôt 300.000 € », nous confie une source proche du dossier.

Pour autant, l’État n’a obligé aucune collectivité à engager ce genre d’investissements. Seule obligation : « déterminer des périmètres de protection pour des bâtiments publics ou des édifices privés susceptibles de faire l'objet de menaces. » Mais comme le déclarait il y encore quelques jours le Premier ministre, Manuel Valls, « de nouveaux attentats étant probables », la Direction des affaires juridiques en a tiré comme conséquence que « l’urgence impérieuse à sécuriser les bâtiments recevant du public ne fait aucun doute ». 

Sans aucun doute, mais sous conditions : « l’urgence impérieuse doit résulter d’évènements imprévisibles pour le pouvoir adjudicateur tout en exigeant un lien de causalité entre l’évènement imprévisible et l’urgence impérieuse. » Toute la question est donc de savoir si les élus considèrent le territoire des Hautes-Alpes comme étant susceptible d’être une cible privilégiée pour de nouvelles attaques, et précisément à l’hôtel du département pour justifier d’une telle dépense ?


Une rénovation à hauteur de 60.000 € pour l’appartement de fonction du Président du département

Lors de la construction de l’hôtel du département en 1994, il avait été décidé d’y adjoindre un appartement de fonction, afin que le Président ou un élu puissent y loger en cas d’impossibilité de rejoindre son lieu d’habitation principal, notamment lorsque les conditions climatiques ne le permettaient pas. Peu sont ceux en avoir eu l’utilité, « j’ai souvenir d’avoir vu Alain Bayrou y coucher de temps à autre. Quant à Jean-Yves Dusserre, je  ne crois pas l’avoir jamais vu y passer une nuit », nous confie un ancien élu. Un appartement qui avait également comme fonction de servir de chambre d’hôte lors de la venue d’officiels dans le département.

Mais dorénavant le Président du département, Jean-Marie Bernard, dont la résidence principale se situe dans le Dévoluy, compte bien se l’approprier pour ses seuls besoins. Seulement 30 ans après son inauguration, ce T3 d’environ 45m², qui sera transformé en T2, demande une cure de jouvence, afin de remettre à jour l’électricité, la plomberie et se débarrasser de l’amiante et du plomb encore présent. Ajoutés à cela une nouvelle peinture et un nouveau parquet, la commission aménagement a voté le 28 janvier dernier, soit la veille d’un discours de rigueur budgétaire à la presse,  un crédit de 60.000 € pour ce seul appartement. Un devis qui, selon nos sources, comporte des travaux de peintures de l’ordre 3.000 euros.

À cette heure, si les travaux n’ont été autorisés que par la signature des élus présents en commission aménagement, le débat en assemblée plénière devra déterminer si oui ou non ces travaux sont aussi indispensables en pleine période de rigueur. Une réponse que n’aura pas attendu le président du département puisque selon nos sources, les travaux de l’appartement ont déjà été engagés, grâce à « des crédits prélevés sur d’autres budgets. »