- Hautes-Alpes –

Une quarantaine d’opposants au chantier RTE Haute-Durance a bloqué la RN 94, au rond-point de Châteauroux-les-Alpes, ce mercredi dès 8h du matin. Ils sont venus dénoncer le démarrage du chantier, en avril dernier, alors que trois recours judiciaires sont toujours en cours. Des procédures pour demander l’enfouissement total des 200 km de lignes électriques haute et très haute tension installées entre Le Monêtier-les-Bains et La Bâtie-Neuve. RTE qui investit 230 millions d’euros et enfouit la moitié des lignes.

« Si vous quittez les lieux, il n’y aura pas de soucis. » Les gendarmes sont venus en nombre, CRS compris, pour faire face à une quarantaine de manifestants venue bloquer une seule voie de circulation, afficher quelques pancartes et entonner quelques chants : « RTE dégage », pouvait-on entendre notamment. Mais la volonté principale était de se montrer pacifiste. « On lutte contre RTE, qui est une entreprise assez conséquente, qui a des moyens. On lutte contre ce projet qui ne nous convient pas, avec la seule manière qu’on a d’être pacifistes, de bloquer les chantiers », affirme sur Alpes 1 Rudy.

Pacifistes, selon les manifestants. Violents, selon la préfecture.

Des blocages de chantiers et dégradations dénoncés par la préfecture des Hautes-Alpes. Le préfet Pierre Besnard qui, depuis, ne veut plus recevoir les opposants au Chantier RTE Haute-Durance. « Aujourd’hui, ce qu’ils font c’est clairement un passage en force, au mépris de la Constitution française et avec l’aval des autorités, qui sont censées représenter cette Constitution française et ça, c’est inacceptable », dénonce Joël.

Inacceptable pour ces manifestants, que RTE ait débuté les travaux, alors que trois recours doivent passer devant le Conseil d’État. Des recours pour enfouir notamment la ligne qui passera en face de ce rond-point occupé par les opposants : « la future ligne THT passera au-dessus du village de Châteauroux-les-Alpes, à peu près à 1.600 mètres d’altitude, en face de nous, là où je me trouve », commente Alice¸ ajoutant « c’est un recul en arrière, alors que RTE se vante en Maurienne d’enfouir une ligne à 320.000 volts. Nous, parce qu’on est les Haut-Alpins, on est sûrement moins nombreux, on a sûrement un poids économique et politique moins important, on n’a pas le droit au même régime. »

Éveiller les consciences

Ils se sont assis, ont attendu l’arrivée des CRS. « Les forces de l’ordre, ils font leur travail. Nous, on fait notre travail aussi de contestation de ce projet, en étant pacifistes, sans dégradations », rappelle Rudy. Ils se sont d’ailleurs dispersés d’eux-mêmes, avant même la première sommation. Une volonté claire de changer l’image d’un mouvement violent contre RTE, avec notamment des dégradations d’engins de chantier. Ils veulent, comme ils le répètent, éveiller les consciences sur la destruction prochaine du paysage. « Bientôt, il y aura une ligne très haute tension, qui défigurera la montagne. Il faut bien prendre conscience de cela. Il ne faudra pas se dire, une fois qu’on les aura au-dessus de nos têtes, on a rien vu, ils ont rien fait. »

Le mouvement qui a pris fin vers 11h, libérant la circulation, qui avait été déviée par Embrun, depuis Guillestre.