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Hautes-Alpes : Migrants, le FN voit déjà une vague déferler basé sur de fausses affirmations

SOLIDARITÉ / La réaction du parti frontiste n’aura pas tardé, après l’accueil de migrants à Sisteron et à Briançon, dans un communiqué de presse enclin à faire vibrer les peurs des habitants. Décryptage.


-Hautes-Alpes-

C’est dans un communiqué de presse remplie d’approximations, signé Patrick Deroin candidat sur la liste FN des Hautes-Alpes, que le Front National dénonce l’arrivée de migrants à Briançon.


« Briançon : ils arrivent » ou le choix de jouer avec les peurs

Premières affirmations : « Les clandestins de Calais veulent quitter la France », déclare Patrick Deroin.

Première erreur : ce ne sont pas des « clandestins ». Comme le précisait ce lundi la sous-préfète de Briançon, les migrants accueillis ont tous reçu une autorisation provisoire de séjour. Ils pourront ensuite, s’ils le désirent, faire une demande d’asile.

Seconde affirmation : « Ils veulent quitter la France, et pourtant l’État préfère les maintenir sur notre territoire ». Si certains ne sont en France que de façon provisoire en attendant de rejoindre un autre pays, comme l’Angleterre, tous ont fait le choix volontaire de venir dans les Hautes-Alpes, ce n’est donc pas contraint.

Troisième affirmation : « L’Etat préfère les maintenir sur notre territoire et compte les répartir dans nos départements, entretenus avec l’argent public » : nouvelle affirmation fausse. L’État ne « préfère » pas les maintenir sur le territoire des Hautes-Alpes, mais répond à un engagement européen d’accueil de réfugiés (24.000 en deux ans pour la France). D’autre part, pour les migrants qui se seront vu accordés le droit d’asile, un parcours sinueux et difficile,  l’autorisation de séjour peut être rééxaminée, selon les cas, tous les ans par l’OFPRA, l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides.

Quatrième affirmation : Ils sont « entretenus avec l’argent public ». En parti faux. Les réfugiés ne sont pas « entretenus » par l’argent public, puisqu’ils ne touchent ni d’APL ni de RSA. Dans le cas des migrants sans enfants accueillis dans les Hautes-Alpes ou les Alpes de Haute-Provence, ils peuvent toucher une seule de ces deux aides :

- 11,45 euros par jour d'allocation temporaire d'attente (ATA), s'ils ne bénéficient pas d'un hébergement d'urgence

- 91 euros par mois d'Allocation mensuelle de subsistance (AMS), s'ils sont hébergés. Soit entre 3 et 11,45 euros par jour.

Mais attention, pour pouvoir bénéficier de ces allocations, les migrants doivent obligatoirement faire une demande de droit d'asile.

D’autres aides sont possibles et prises à la charge des collectivités locales comme la gratuité des transports en commun, ou inscription à une épicerie sociale.

Cinquième affirmation : « Ce soir, les sans-abris français ou nos concitoyens cherchant un logement social, sont encore une fois frappés par l’injustice. La folie politique visant à défendre et aider les autres avant les nôtres n’est plus supportable. Du jour au lendemain voilà que l’on en trouve des hébergements d’urgence ». Faux. Si on en croit Gérard Tenoux, vice-président en charge du logement social dans le département, invité sur Alpes 1, « toutes les demandes de logement social dans le département ont reçu une réponse. »

Enfin la droite à Briançon est elle aussi visée : « Quant à la droite briançonnaise, ces gens ont beau jeu de s’indigner aujourd’hui de cette situation : hier, ils avaient pourtant voté favorablement pour l’accueil des migrants ». En parti Faux. La droite briançonnaise, portée par Romain Gryzka, si elle est favorable à l’accueil de « réfugiés de guerre », a toujours dénoncé l’incompatibilité de l’accueil  avec l’interdiction de travailler pour les migrants accueillis en France.