- Hautes-Alpes -
Alpes 1 Témoignage : quand combattre l’alcoolisme consiste à faire passer le bon message. Après s’être battue pendant 30 ans contre l’alcool, Maryline, Haut-Alpine, est aujourd’hui bénévole à Briançon auprès des personnes sous addiction. Elle vient leur dire qu’on peut être heureux, sans alcool. Une vérité qui n’est pas toujours aussi évidente en cas d’emprise.
"Je suis née, cela fait 15 ans. Jusqu’en 2000, j’ai survécu"
Après 30 ans d’addiction à l’alcool, 12 ans aux psychotropes, Maryline est aujourd’hui une femme de 59 ans, pleine d’énergie, sourire aux lèvres. Un sourire qui cache pourtant un parcours jalonné de blessures. C’est dès l’adolescence qu’elle sombre dans l’alcool. Plus tard, malgré une bonne situation professionnelle, l’alcool « ami » prend le dessus. « Avec tous mes traumatismes, si je n’avais pas eu l’alcool, je n’aurais pas survécu. Mais au bout d’un moment, l’alcool n’aide plus », explique-t-elle. Un produit qui n’aide plus et qui, après avoir créé une dépendance psychologique embraye sur une dépendance physique, « celle qui oblige à boire dès le matin au lever, prendre quelques verres pour avoir une réaction normale et ne plus trembler ».
L’alcool, une maladie hautement récidivante
L’alcool est une maladie hautement récidivante, en dépit des traitements. Maryline décide à quatre reprises de suivre des cures de désintoxication. Des centres l’accueillent et lui permettent de rencontrer d’anciens alcooliques venus témoigner. Des témoignages qui n’ont pas toujours eu l’effet escompté. « Ces personnes respiraient tellement peu la joie de vivre, que je me demandais ce qu’était la vie sans produit. Et je retournais boire ».
2000, le tournant
Après plusieurs tentatives, c’est en 2000 que Maryline porte un coup de grâce à ses addictions, lors de sa dernière cure. « J’étais dans une impasse, soit je vivais soit je mourais », elle a donc choisi de vivre, sans alcool, sans psychotrope. Maryline se reconstruit une nouvelle vie, où elle passe un Bac Pro Comptabilité. Une vie qu’elle veut heureuse, et qui lui était impossible sous emprise « car les produits nous coupent totalement de nos ressentis ». Depuis huit ans, la quinquagénaire ne pense plus à l’alcool, « je me dis que ce soir je sors, et je ne boirais pas. Ce n’est pas grave ».
Une bénévole au service d’autres personnes victimes d’addictions
Aujourd’hui, Maryline est bénévole au sein de la fondation Edith Seltzer à Briançon. Elle vient témoigner de son parcours, et montre que l’addiction n’est pas une fatalité mortelle. Si elle ne peut faire de prévention « car je ne sais pas ce qui aurait pu m’empêcher de tomber dans l’alcool », elle veut faire passer le bon message : « dire qu’on peut vivre heureux sans produit ». Un témoignage qu’elle aimerait partager auprès d’autres structures dans le département.
Notez que la proportion de personnes en difficulté avec l’alcool reste stable en France, à 10 % de la population adulte. Il s’agit de la 2ème cause de mortalité prématurée.