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Hautes-Alpes : 3ème jour de mobilisation des agriculteurs, entre épuisement et attente

AGRICULTURE / Dans les rangs des agriculteurs ce mercredi matin, une attente : celle d'avoir des avancées dans le dossier loup


- Hautes-Alpes -

Après le désespoir, après les heurts, après l’indignation, place à l’attente ce mercredi devant les grilles de la préfecture des Hautes-Alpes à Gap. Les éleveurs sont toujours mobilisés, mais au bout de trois jours, l’épuisement se ressent… Cernes sous les yeux, mains tremblantes, les sourires sont francs mais crispés. « On se relaie, on dort peu, on alterne avec le travail à la maison, mais on reste. Le café, les nerfs et cette sympathie entre nous, voilà ce qui nous fait tenir », explique Nathalie. Cette éleveuse d’ovins dans le Champsaur dresse le constat de cet été dans ses alpages. Sur ses 400 brebis, il ne lui en reste aujourd’hui plus que 350.


"Ce que l'on veut, c'est travailler dans la dignité", explique Nathalie


Le loup est encore et toujours pointé du doigt. Une chèvre dévorée en début de semaine dans le Champsaur a été accrochée aux grilles de la préfecture, un loup en peluche a été pendu à un fil. Des murmures échappent d'un groupe de passants, qui se font passer un téléphone portable. Une image, celle d'un animal, "c'est un loup, je suis sûr que c'en est un. Il a été photographié près de Gap".


"Subir une attaque et voir la souffrance des brebis que l'on doit euthanasier, c'est terrible", explique Nathalie


« Moralement c’est terrible de subir une attaque. On ne demande pas d’indemnisation, on ne demande pas de primes. On demande d’exercer notre métier dans la dignité », poursuit Nathalie, qui a du mal à contenir ses larmes. Une de ses amies vient la soutenir dans son combat, « heureusement qu’il n’y a plus de dinosaures. Sinon, on nous l’aurait réintroduit », s’indigne-t-elle.


Le mur de la colère est devenu la pierre tombale des agriculteurs

Le mur de la colère a été rebâti cette nuit, après avoir été démoli par les CRS ce mardi. Des CRS relayés ce mercredi par un escadron de la gendarmerie mobile. Neuf camions se situent derrière la préfecture, là où l'entrée se fait désormais.



Le mur se dresse donc à nouveau, mais ce n’est plus de la colère qui est inscrit en lettres vertes, c’est désormais un acte de décès. Celui de la profession : « ici repose l’agriculture. 10.000 avt JC – 2015 ».



Car pour Olivier, éleveur, c’est une mort à petits feux, « il ne nous restera bientôt plus que Pôle Emploi. Même mon fils ne veut plus reprendre l’affaire familiale ». Un mur présent aussi pour symboliser la rupture de communication entre les agriculteurs et l’État. « Pierrot, tu vaux zéro », « Bouge-toi incapable » : les banderoles sont autant d’attaques directes envers le préfet des Hautes-Alpes.


   L'État est pointé du doigt


Mesures contre la prédation : entre urgence et long terme


Pourtant, Pierre Besnard, veut faire avancer la négociation. Le dossier est désormais entre les mains des cabinets ministériels, qui ont décidé de la tenue d’une réunion ce mercredi soir, 18h, en visioconférence.  Autour de la table, la FDSEA, les JA, la Chambre d'Agriculture, la DRAAF Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt et le préfet coordonnateur du dossier loup. Des réflexions vont être engagées autour du tir global, pour l’instant interdit par la législation. Le préfet Pierre Besnard qui annonce aussi vouloir agir rapidement. La brigade anti-loup créée par la Ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, est arrivée dans les Hautes-Alpes ce mercredi. 10 agents formés la semaine dernière en Savoie, afin de lutter contre la prédation, et présents sur le département jusqu’à dimanche. « Ils seront équipés de caméras thermiques et de lunettes grossissantes et nocturnes », poursuit le préfet. L’État, qui veut aussi intervenir dans la durée, « il faut aujourd’hui trouver des financements pour fournir du matériel adapté aux agents et lieutenants de louveterie ». A noter que le préfet de région, Stéphane Bouillon, devrait également faire le déplacement dans les Hautes-Alpes prochainement.