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Hautes-Alpes : un projet d’usine d’embouteillage en eaux troubles

INDUSTRIE / Sur le papier, le projet fait rêver. Redynamiser la vallée de la Vallouise, avec une quarantaine d’emplois créés, une vingtaine d’emplois induits, 100 à 110 millions de bouteilles d’eau produites chaque année : un projet à 25 millions d’euros.

Hautes-Alpes - Les premières bouteilles d’eau de source de montagne étiquetées « Vallouise 1.300 » sont attendues en 2017. En tous cas, c’est la volonté du porteur du projet d’usine d’embouteillage : la S.D.E.E.S, Société de développement et d’exploitation des eaux de sources. Une SARL, au capital d’1,5 millions d’euros, basée à Boulogne-Billancourt en région parisienne. C’est bien loin de la Vallouise, où les travaux dans l’ancienne usine des Fonderies et Aciéries de L’Argentière-la-Bessée ont commencé. Un projet que certains dénoncent trop opaque, notamment en termes d’investissements et de stratégie industrielle.

Sur le papier, pourtant, le projet fait rêver. Redynamiser la vallée de la Vallouise, avec une quarantaine d’emplois créés, une vingtaine d’emplois induits, 100 à 110 millions de bouteilles d’eau produites chaque année : un projet à 25 millions d’euros. « On ne sait pas qui est l’investisseur. On ne sait pas qui sera l’industriel. On ne sait pas quelle sera la stratégie commerciale », s’inquiète sur Alpes 1 Jean-François Gravelais. Avec deux autres habitants de Vallouise, ils ont interpellé les élus, dans un courrier envoyé ce lundi 16 mars. « On ne sait pas si ça va être vendu localement. On ne sait pas si ça va démarrer par la Chine. On ne sait pas s’il y a des investisseurs et des industriels sérieux derrière, car nous avons des craintes sur le projet de la S.D.E.E.S et de son directeur. »

« Ce projet économique nécessite d’avoir un vrai dossier concernant les retombées, le mode de financement, la société d’exploitation définitive, son tour de table, etc. »


Le directeur Olivier Michaud*, directeur de la S.D.E.E.S, Société de développement et d’exploitation des eaux de sources, porte le projet de Vallouise. Un homme décrié dans un article de Médiapart du 11 mars. On y parle de deux comptes en Suisse, mais aussi d’une enquête pour blanchiment d’argent en 1997. Olivier Michaud aurait reçu 9 millions de francs de l’équipe de campagne d’Edouard Balladur. De vieilles histoires, pas de quoi inquiéter le président de la Communauté de communes du Pays des Écrins, maître d’œuvre dans ce dossier pour le compte de la commune de Vallouise. « C’est compréhensible qu’aujourd’hui, on n’ait pas forcément le tour de table des investisseurs. Aujourd’hui, les débouchés commerciaux sont nationaux, voire internationaux. Quand il y a des négociations, il n’est pas forcément bon que tous les noms sortent. De ce côté-là, je le comprends », rassure sur Alpes 1 Cyrille Drujon d’Astros, le président de l’intercommunalité.

Connaitre la stratégie économique et industrielle cet été, c'est la volonté des élus, pour voir espérer une Déclaration d’utilité publique de la part de l’Etat et lancer les travaux de forage et d’alimentation de l’usine d’embouteillage. « Aujourd’hui, on est à un point d’étape. On a terminé les études nécessaires et pour permettre d’avancer le projet, il nous faut le projet économique de la part de la S.D.E.E.S, ne serait-ce que pour poser les DUP pour le tracé des canalisations. Ce projet économique nécessite d’avoir un vrai dossier concernant les retombées, le mode de financement, la société d’exploitation définitive, son tour de table, etc. » La communauté de communes a déboursé 500.000 euros en études. Une somme que devra rembourser la future société d’exploitation, si le projet aboutit. Sinon, ce sera à la commune de Vallouise de payer cette somme.

*Contacté, Olivier Michaud, directeur de la SDEES, n’a pas répondu à nos sollicitations.