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Hautes-Alpes : Un candidat FN : « tous pour que les musulmans changent de religion ! »

POLITIQUE / Élections départementales 2015 : entre dérapages des candidats FN sur les réseaux sociaux et méconnaissance des territoires, le FN sur le canton de Gap 3 semble un cas d’école.

Alpes du Sud – Le FN est aujourd'hui divisé, entre Marine le Pen et son discours sur la dédiabolisation de son parti, et le fondateur du parti et aujourd'hui président d'honneur, Jean-Marie le Pen. Ce dernier s'est d'ailleurs récemment permis de critiquer cette dédiabolisation et l'écartement d'anciens militants jugés trop radicaux par Marine le Pen, "Marine le Pen, avec une intention excellente, mais on sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions, fait une erreur d’analyse". Jean-Marie Le Pen regrette « le ménage fait au sein du mouvement, d’une manière un peu sévère ».

Une critique qui semble avoir autorisé certains candidats aux départementales à livrer le fond de leurs pensées, comme dans les Hautes-Alpes, et plus précisément sur le territoire de Gap 3.


Preuve que la dédiabolisation a encore quelques bonnes heures de travail devant elle, à passer en revue les réseaux sociaux, comme celui d’un des binômes candidats sur le canton de Gap 3, Jean-François Gaspard-Angeli associé à Martine Lelièvre, secrétaire départementale du FN 05.

Détour sur des propos jugés comme « anti-républicains » par l’Observatoire de la Laïcité.

L’Observatoire de la Laïcité rappelle que l’Islam n’est pas hors de la République et que « le conseil du culte musulman a signé la convention citoyenne des musulmans de France, pour vivre ensemble au sein de la République».

Entre amalgames et propos haineux, Jean-François Gaspard Angelli, qui fut également suppléant aux législatives de la candidate fantôme FN sur les Hautes-Alpes, décide donc de ne pas entrer dans les rangs de la ligne de Marine Le Pen et de rester dans le lexique du fondateur du FN.

Un binôme déconnecté du territoire

Si certains voudraient blanchir ces propos en avançant l’égarement, et justifier la campagne par une candidature de terrain du binôme sur Gap 3, ces derniers pourraient en avoir pour leurs frais.

Invités lors des débats des départementales sur Alpes 1, le binôme s’est borné à un exercice de lecture d’un programme copier-coller sur l’ensemble des territoires de France, sans apporter ni arguments ni propositions claires : « Faire des économies, baisser le budget de communication, stabilisations des effectifs, lutte contre la fraude du RSA, baisse du train de vie des élus, refus des emprunts toxiques ».

Un programme populiste et sans fondement territorial. Décryptage de propositions fourre-tout :

Retour sur les affirmations du binôme, Martine Lelièvre – Jean-François Gaspard-Angeli :

« Baisser le budget de communication ». Contradictoire et contre-productif. En effet, les Hautes-Alpes sont un territoire touristique et la communication reste le vecteur essentiel de la promotion du territoire. À l’image de l’ADDET (Agence  Départementale de Développement Économique et Touristique), nouvelle agence de développement touristique et économique, née de l’ambition de plus et, surtout, mieux communiquer afin de faire valoir les atouts du territoire et favoriser le développement économique à travers un plan de communication fort, sous la bannière de la future nouvelle marque Hautes-Alpes.

« Faire des économies », oui mais comment ? Faut-il en passer par une cure d’austérité ? La réponse est « oui », (cure d’austérité dénoncée par le FN –Ndlr-), avant d’ajouter que « cela passerait par la baisse du  train de vie  des élus », sans pour autant savoir combien touche un conseiller général (1520.59€ brut –Ndlr-), ni combien cela rapporterait.

« Lutte contre la fraude au RSA ». Un sujet qui peut se défendre, encore faut-il savoir de quoi on parle. Là encore, le binôme est dans le flou. Méconnaissance du nombre de bénéficiaires (2.560 en 2014 –Ndlr-) et incapacité à chiffrer les économies substantielles.

« Refus des emprunts toxiques ». Le conseil général des Hautes-Alpes n’a aucun emprunt toxique en cours.  

Le BTP tire la sonnette d’alarme et appelle les candidats à des engagements pour l’avenir et la seule réponse du FN sur ce sujet, « la concurrence » et le retour du plombier polonais, ou plus précisément « des camionnettes polonaises qui sont partout sur nos routes ».

En guise de conclusion, sur le débat de la diabolisation ou non du FN, la réponse se trouve souvent dans les déclarations et dans les programmes.