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Hautes-Alpes : un journaliste menacé de mort témoigne devant des lycéens

EDUCATION / Ce journaliste guinéen, exilé aujourd'hui en France, a fait l'objet de plusieurs menaces de mort.

Hautes-Alpes - Un journaliste guinéen, à la rencontre des lycéens de Dominique Villars à Gap ce jeudi. Aujourd’hui exilé en France après avoir été menacé de mort, c’est anonymement qu’il a tenu à témoigner au micro d’Alpes 1.

La Guinée, cette ancienne colonie française, pays d’Afrique de l’Ouest peuplé par plus de 11 millions de personnes. Un pays où la pauvreté règne, plus d’un habitant sur deux vit sous le seuil de pauvreté national. L’espérance de vie y est de 56 ans,  et le taux d’illettrisme de plus de 70 %. Quant à la liberté de la presse, elle est quasiment inexistante, et se fait souvent au péril des professionnels. C’est pour cela qu’aujourd’hui, celui que nous appellerons Henri témoigne anonymement. « Il suffit juste d’exercer votre métier de façon libre et équilibrée pour qu’on vous étiquette d’une ethnie ou de l’opposition », explique-t-il.

La Guinée est rongée par la corruption, très souvent pointée du doigt par l’ONG Transparency International. Selon sa dernière étude, ce pays était au 145ème rang sur 175. Le thème de la corruption est d’ailleurs récurrent dans les revendications des opposants et des organisations syndicales. Mais aussi dans le travail des journalistes, sauf que la liberté d’expression n’existe pas, et même les institutions destinées à encadrer le métier n’y parviennent pas, « le Conseil National de la Communication est sous la pression du gouvernement, les gens marchent sur ses plates bandes en mettant des journalistes en prison ou en tentant de les assassiner ».

Assassiner, le mot est lancé, la réalité est dure, Henri y a d’ailleurs été confronté. Lui qui a mené une enquête de plusieurs mois sur la corruption d’un haut gradé a vu sa vie être mise en péril. Des risques que les journalistes ont récemment vécu, en France, après les attentats de Charlie Hebdo. Le débat autour de la liberté d’expression a alors refait surface, face à cela, Henri appelle à la prudence. « Il faut faire attention parce que des personnes sont prêtes à mourir pour défendre les préceptes de la religion musulmane, qui pourrait pour eux, être transgressés. Ce sont des actes de lâcheté, la religion musulmane est une religion de paix, de sagesse et de pardon ».

Plusieurs lycéens ont donc pu s’entretenir avec Henri sur la presse, une presse que, pour certains, ils ont découvert il y a peu… Blandine Prost est enseignante de littérature au lycée Dominique Villars. « Très peu d’élèves lisent les journaux, c’est assez inaccessible et il faut leur décoder ». A noter que 41 % des journalistes exilés en France viennent du continent africain.