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Hautes-Alpes : et pourquoi pas confier la construction des prisons au privé ?

JUSTICE / Le bâtonnier de l’Ordre des Avocats des Hautes-Alpes, Karine Ghigonetto, était l’invitée du Tête à Tête d’Alpes 1 Live

Hautes-Alpes – « Il faudra bloquer la machine pénale » : Karine Ghigonetto prévient… si le gouvernement n’entend pas le monde des avocats, c’est lui qui se fera entendre place Vendôme. Alors que les avocats sortent d’un jour de grève ce jeudi, le bâtonnier de l’Ordre des Avocats dans les Hautes-Alpes était l’invitée du Tête à Tête d’Alpes 1 Live. Au cœur des inquiétudes aujourd’hui : l’aide juridictionnelle. Selon le Conseil National des Barreaux, entre 2011 et 2012, le nombre de personnes qui ont bénéficié de cette aide a augmenté de 3,7 % alors que les dotations de l’Etat ont stagné dans le même temps avant de chuter de 9,3 % l’année suivante. Le gouvernement se pose désormais la question du financement de l’aide juridictionnelle, et propose de taxer le chiffre d’affaires des avocats. Une mesure qui, selon Karine Ghigonetto, ira directement atteindre le portefeuille du citoyen. « Un avocat qui travaille pour l’aide juridictionnelle a une indemnisation d’environ 56 euros de l’heure, alors qu’un cabinet classique coûte 75 euros de l’heure dans son fonctionnement. La seule solution pour s’équilibrer, c’est de gonfler les factures des clients payants ».

Et alors que la réforme pénale du Garde des Sceaux, Christiane Taubira, fait réagir l’opposition de droite qui taxe le gouvernement d’être trop « laxiste » et de vouloir « vider les prisons », deux problèmes rongent actuellement le milieu pénal et carcéral : la surpopulation carcérale avec 70.000 détenus en France, un record depuis la Seconde Guerre Mondiale. Et la récidive : près de 63 % des sortis de prison sont recondamnés d’ici les 5 ans qui suivent. La contrainte pénale, qui consiste à respecter en milieu ouvert des obligations et interdictions durant six mois à cinq ans, est-elle la solution ? « Il faudra trouver un savant mélange entre prison ferme et liberté, explique le bâtonnier des Hautes-Alpes. La peine de prison est parfois un électrochoc, elle est nécessaire pour les crimes  (crimes de sang, viol, bandes organisées). Mais pour les délits, il y a des alternatives à la prison, mais pour qu’elles soient efficaces, il faut beaucoup plus d’assistantes sociales du service probation et insertion ». Karine Ghigonetto cite en exemple le Canada, qui instaure un tiers de la peine de prison ferme dans un système en semi-liberté. « Il a également l’assurance d’avoir un logement en sortant du milieu carcéral, en France, ce n’est pas le cas », regrette le bâtonnier.

Quant aux solutions avancées, la privatisation de la construction des prisons. « Aux Etats-Unis, on a confié la gestion des constructions de prison au privé. Alors qu’avec le public, on se retrouve avec des prix très chers », explique-t-elle.