Hautes-Alpes – « Notre réseau a confiance en l’avenir », selon Dominique Arnaud, présidente du syndicat des buralistes dans les Hautes-Alpes, qui en compte 89 sur le département. Elle est également vice-présidente de la Confédération au niveau national, et était l’invitée du Tête à Tête d’Alpes 1 Live ce mardi. Si le département ne comptabilise pas de diminution de buralistes, sauf deux départs en retraite, le secteur n’est pas moins en plein doute… tout d’abord, face aux augmentations successives du prix du tabac depuis les années 2000. « Nous sommes passés, entre 2003 à 2014, à 65 % d’augmentation du prix du paquet de cigarettes », explique la responsable. Les chiffres en témoignent, puisqu’en 2000, un paquet coûtait 3,20 euros, il en coûte aujourd’hui 7 euros. Par comparaison, il en vaut à peine 5 euros en Italie, « car la France est le pays le plus taxé d’Europe ». 81 % en 2014, contre 76 % en 2000. « Les gens se tournent donc vers l’étranger, ils vont acheter sur l’extérieur dans un réseau illégal », poursuit Dominique Arnaud.
La présidente
veut donc une harmonisation des taxes au niveau européen, « mais j’aurais
certainement quitté la profession avant que ça ne se fasse », explique-t-elle
désabusée. Dernier espoir : la confédération nationale qui préconise un
moratoire des prix en France « jusqu’à ce que l’écart se réduise avec les
autres pays ».
Peut-on
vendre des cigarettes et lutter pour la santé publique ?
« Nous ne sommes pas des marchands de mort, le buraliste travaille en corrélation avec le Ministère de la Santé. La politique de santé doit s’attaquer au problème du tabac, mais souvent elle s’attaque et stigmatise la profession de buralistes », regrette Dominique Arnaud, qui indique également que le secteur se dirige de plus en plus vers la vente de cigarettes électroniques. « Il est stipulé dans le code général des impôts qu’est considéré comme produits assimilés au tabac les produits destinés à être fumés même s’ils ne contiennent pas du tabac. Elles ne devraient être vendues que chez nous ».
Les
paquets génériques, comme le veut la loi anti-tabac, une mesure à craindre ?
Une nouvelle mesure, pour la responsable. On ne laisse pas assez de temps pour avoir des retours sur les précédentes lois, « en 2011, nous avons mis en place les photos chocs, mais il n’y a eu aucune étude sur l’impact. En Australie, les paquets génériques ont été mis en place. Dans les 5 mois qui ont suivi, il y a eu 0,3 % d’augmentation du tabac ».
Buralistes et services bancaires
A noter que d’ici trois jours, deux buralistes à Gap et Veynes vont mettre en place des comptes nickel. Une mesure lancée en février dernier en France, qui permet d’ouvrir un compte bancaire en 5 minutes dans son bureau de tabac, il est accessible sans condition de revenus, de dépôts ou de patrimoine. Et avait notamment suscité la polémique puisque les interdits bancaires y ont droit. Les découverts ne sont pas autorisés.
