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Hautes-Alpes : le plus vieux médecin en exercice dans le Champsaur

Pierre Rozier, âgé de 87 ans, est médecin généraliste depuis 1955.

Hautes-Alpes - Le plus vieux médecin de France est en exercice à Saint-Firmin dans le Valgaudemar, selon l’Ordre des médecins. Pierre Rozier, âgé de 87 ans, est médecin généraliste depuis 1955. Cet amoureux de la montagne n’a jamais quitté les Hautes-Alpes. Un amoureux de la médecine également, qui a un regard particulier sur les débats actuels.

C’est par la porte derrière la mairie de Saint-Firmin qu’on accède au cabinet de Pierre Rozier. Une porte presque dérobée pour un homme bien connu des Champsaurins, six fois conseiller général de 1961 à 1998, médecin de village depuis 57 ans. « La médecine était totalement différente. C’était surtout une médecine avec des signes cliniques. Les moyens techniques et toute la biologie n’étaient pas pointus, et ne pouvaient pas porter un diagnostic précis. Je crois que la médecine était beaucoup plus difficile. Poser un diagnostic, qui portait de lourdes conséquences, demandait beaucoup de réflexion et était dangereux. C’était une médecine à mains nues ». Une révolution technologique pour celui qui a appris la médecine dans les livres et les revues, et qui a su donner confiance. Ce qui lui permet de tenir si longtemps. « Au début, c’est une espèce de métier. Après, petit à petit, en connaissant les gens, en disséquant l’âme humaine, on apprend qu’il y a du bon et du mauvais et finalement on s’attache à ces personnes. Je me demande si en perdant ces personnes, que j’aime, pour qui j’ai de l’affection, ce n’est pas un peu de ma jeunesse qui s’en va ».


Et quand on parle de désertification médicale à Pierre Rozier, il rigole presque de voir certains jeunes avoir peur d’être seul : « Moi je crois que la désertification médicale est dans un contexte de désertification globale. Les gens vont dans les villes. Pourquoi ? C’est une question difficile. Il y a un facteur psychologique, cette angoisse d’être seul, de se sentir seul dans un désert. Je crois que le facteur psychologique joue beaucoup, car le loisir, la proximité ne seraient pas, à mon avis, des facteurs essentiels ».


Pour lui, il faut plus de reconnaissance et une plus juste rémunération. « Les dépassements d’honoraires, ça ne m’intéresse pas. Ce qu’il faut, c’est nous aider. Je pense que l’on pourrait rémunérer les médecins de campagne un peu plus. Quand on passe une heure pour une consultation chez une personne âgée, qui a de multiples pathologies, et que l’on est payé que 23 euros, je trouve cela anormal ». Payer plus cher les médecins de campagne, une idée souvent soutenue par Pierre Rozier, qui publie de temps en temps des chroniques dans le Monde ou Le Quotidien du Médecin, avec une plume inspirée des philosophes et hommes de lettre. « J’ai fait toute ma carrière médicale à Saint-Firmin, 57 ans, mais je vais citer Aragon : Si c’était à refaire, je referai ce chemin ».


Photo : Saint Firmin www.notrefamille.com