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Hautes-Alpes : les Demoiselles Coiffées sous surveillance

Elles attirent les touristes et les randonneurs. Elles sont nées de la fin de l’ère glaciaire, il y a plus de 20 000 ans

Hautes-Alpes - Elles attirent les touristes et les randonneurs. Elles sont nées de la fin de l’ère glaciaire, il y a plus de 20 000 ans, façonnées par les pluies qui érodent une roche friable, souvent du calcaire, mettant à nue des roches plus compactes et formant des grandes colonnes rocheuses naturelles. De jolies demoiselles fragiles et en constante évolution. Les Demoiselles Coiffées, on les retrouve à trois endroits dans les Hautes-Alpes : entre Savines-le-Lac et Le Sauze, à Remollon et à Théus.

C’est sur le site du Vallauria à Théus que la rédaction d’Alpes 1 a rencontré Raymond Lhomme, garde-forestier à l’ONF depuis 15 ans. Il vient presque tous les jours sur ce site de 60 hectares. « La légende raconte que les plus belles jeunes femmes de Théus étaient venues danser un soir, à la salle de bal. Quand les douze coups de minuit ont sonné, elles n’étaient pas rentrées. Un grand hurlement dans la vallée, elles se sont transformées en Demoiselles Coiffées ». Ce site du Vallauria est classé site paysager remarquable depuis juin 1939. On y retrouve une dizaine de Demoiselles Coiffées trônant parfois à plus de 40 mètres du sol, toujours surplombées d’une grosse pierre. « Ca ne présente pas de danger, puisqu’au pied de ces Demoiselles, il y a peu de sentiers. Il n’empêche qu’effectivement, elles peuvent mourir de leur propre mort et à ce moment-là, la pierre peut tomber dans la vallée », nous a expliqué Raymond Lhomme.

Ces Demoiselles Coiffées vivent et naissent toujours au rythme des pluies. Un site où l’érosion est tout de même presque sous contrôle : « Cette érosion est combattue depuis longtemps par mes prédécesseurs, à partir de 1890. Dans un premier temps, de nombreux barrages ont été créés dans le fil du torrent, environ une trentaine. Ce qui a permis d’éviter les glissements de terrain au fond de vallée. Ensuite, des seuils sur les côtés, près de 500 pneus. Et sur les terrains, ont été introduits des petites espèces arbustives et ensuite le pin noir d’Autriche. » Et ce pin noir est progressivement coupé pour laisser la nature prendre ses droits. La RTM, Restauration des terrains de montagne, service de l’ONF, a déjà prévu d’engager 150 000 euros de travaux sur ce site, d’ici 20 ans. « On pratique des toutes petites trouées dans la forêt, d’environ 20 hectares. On mite le paysage, afin d’amener de la lumière au sol pour que des espèces naturelles s’installent. »

D’ici 100 ans, la forêt artificielle de pins laissera place à des feuillus, qui combattront l’érosion des sols et des roches. Notez aussi que ce site des Demoiselles Coiffées de Théus est classé depuis 1995 zone d’intérêt économique, faunistique et floristique (Zineff), pour la présence de l’aigle royal, de genévriers thurifères et de chênes verts.