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Auguste et Emile Burle, les frères qui ont dressé le portrait végétal de Gap et des Alpes du Sud

Auguste et Emile Burle, les frères qui ont dressé le portrait végétal de Gap et des Alpes du Sud

À Gap, au XIXe siècle, deux frères négociants vont laisser une empreinte durable… dans les herbiers.

Auguste Burle (né en 1835 à Gap, mort le 12 septembre 1889 à Gap) et Émile Burle (né en 1834 à Gap, mort le 29 décembre 1875) sont aujourd’hui reconnus comme des botanistes majeurs pour la connaissance de la flore des environs de la ville et, plus largement, des Alpes du Dauphiné.

Leur trajectoire dit quelque chose de l’époque : des amateurs éclairés, insérés dans les réseaux savants, capables de transformer des sorties sur les pentes et vallées haut-alpines en collections utiles à la science.

Leur apport principal ne tient pas à une œuvre théorique, mais à un ensemble matériel : un herbier considérable, constitué au fil des années autour de Gap et dans plusieurs massifs alpins. À une époque où l’inventaire botanique du sud du Dauphiné reste lacunaire, leurs récoltes fixent sur papier la diversité végétale de secteurs encore peu étudiés. Chaque plante séchée, étiquetée, localisée, devient un témoignage précis de la flore telle qu’elle existait alors.

Les frères Burle s’inscrivent pleinement dans le fonctionnement des sociétés savantes du XIXe siècle. Membres de réseaux botaniques régionaux et nationaux, ils échangent des spécimens, adressent des lots de plantes à d’autres chercheurs et contribuent ainsi à une circulation du savoir fondée sur la collection et la comparaison.

Leur herbier des environs de Gap est notamment donné à la Société botanique de Lyon, garantissant sa conservation et son accès aux spécialistes. Ce geste patrimonial dépasse la simple accumulation personnelle : il inscrit leurs travaux dans une mémoire collective de la botanique alpine.

La valeur scientifique d’un tel herbier ne se limite pas à son époque de constitution. Aujourd’hui encore, les herbiers anciens sont consultés pour comprendre l’évolution des milieux naturels, comparer des répartitions d’espèces ou documenter des changements liés aux pratiques humaines et au climat. Les planches réunies par Auguste et Émile Burle offrent ainsi un point de référence précieux sur l’état de la flore haut-alpine au XIXe siècle, bien avant les bouleversements contemporains.

Au-delà des chiffres impressionnants de spécimens et de taxons recensés, l’héritage des frères Burle est d’abord celui d’un territoire observé avec constance. Vallées, pentes, massifs et plateaux des alentours de Gap sont saisis dans leur diversité végétale, sans recherche d’effet, mais avec une méthode qui fait encore autorité : récolter, identifier, conserver.

Plus d’un siècle après leur disparition, Auguste et Émile Burle ne sont pas seulement des noms dans des catalogues botaniques. Leur travail constitue un patrimoine scientifique et territorial, rappelant que la connaissance des Alpes s’est aussi construite grâce à des acteurs locaux, attentifs à leur environnement et soucieux d’en transmettre une trace durable.