Modane, Menton, Handaye, Le Perthus... Tous migrants se mobilise demain sur ces différents points frontaliers français. Montgenèvre et Briançon n’échappent pas à la règle. L’association, engagée pour la défense des droits des personnes exilées à la frontière franco-italienne haute, donne rendez-vous à 10h à la population.
La raison de leur mobilisation ? Le dixième anniversaire du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures par la France, en contradiction avec le droit européen. C’est l’analyse effectuée par Brune Béal, chargée de plaidoyer et coordinatrice des activités juridiques au sein du mouvement citoyen.
“Cette décision prise par la France est illégale et contraire au code frontière Schengen qui régit les règles pour les frontières.” B. Béal
Selon la chargée de plaidoyer, qui s’appuie sur les dispositions juridiques, “S’agissant des frontières intérieures, les États membres ont la possibilité de rétablir les frontières uniquement de manière exceptionnelle pour 6 mois. Et ces 6 mois sont renouvelables sur 3 ans en cas de nouvelles menaces”.
“Et donc en France, cela fait 10 ans que les gouvernements successifs ont renouvelé ce dispositif tous les six mois en totale contradiction avec les textes européens.” B. Béal
Une des conséquences : les atteintes aux droits fondamentaux des personnes qui tentent de franchir la frontière, et les atteintes à leur liberté de mouvement. “Normalement au sein de l’espace Schengen, la liberté de circulation est pour toutes et tous et pas uniquement pour les ressortissants de l’Union Européenne” explique Brune Béal. Elle rappelle que l’association recense de nombreux témoignages qui font état d’atteintes au droit d’asile : “Beaucoup de personnes sont refoulées en Italie alors qu’elles veulent demander l’asile en France sur le territoire français, et que c’est dans leur droit de choisir le pays dans lequel obtenir l’asile”.
"Certains passent la frontière en 10 secondes, d'autres en 10 heures"
Quant à l’action de ce samedi, le rassemblement débute à 10h à Briançon pour se poursuivre à Montgenèvre, devant le poste de la police aux frontières. “On aimerait lire un texte dans lequel on dresse un constat, on dénonce le caractère illégal de ces 10 années consécutives de ce rétablissement de contrôles aux frontières et on y insère aussi des témoignages des personnes qui ont subi ce rétablissement".
La chargée de plaidoyer insiste sur le caractère discriminatoire des contrôles qui ne visent pas toutes les personnes qui passent la frontière : “Il y a aussi une dimension raciste de ces contrôles vis-à-vis des personnes racisées”. C’est sur ce point que Tous Migrants souhaite insister, notamment auprès des personnes en faveur du rétablissement des frontières. “Loin de nous l'idée de faire culpabiliser les individus. On veut leur expliquer que certains mettent 10 secondes à passer la frontière à pied ou en ski, et d’autres 10 heures en y laissant leur intégrité morale, physique et parfois même leur vie dans les cas les plus extrêmes.” conclut Brune Béal.
N. Dalbera
