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Le trésor perdu des Vaudois du Queyras : une énigme dans les pierres

Le trésor perdu des Vaudois du Queyras : une énigme dans les pierres
Le trésor perdu des Vaudois du Queyras : une énigme dans les pierres - DR

Dans le silence minéral des vallées du Queyras, il est des histoires que la roche semble garder pour elle.

Parmi elles, celle d’un trésor perdu. Un trésor que l’on dit caché depuis plus de trois siècles, laissé par les Vaudois, ces protestants alpins longtemps pourchassés, qui ont marqué en profondeur l’histoire de cette région frontalière des Hautes-Alpes.

Originaires du Piémont, les Vaudois s’installent à partir du XVe siècle dans les vallées les plus reculées des Alpes du Sud, notamment dans le Briançonnais, le Dévoluy et le Queyras.

Leur foi dissidente les isole du pouvoir catholique dominant. Mais ce sont les grandes persécutions du XVIIe siècle, déclenchées après la révocation de l’édit de Nantes, qui précipitent leur exil. Pris pour cible par les autorités, certains sont tués, d’autres convertis de force, d’autres encore s’enfuient à travers les cols.

C’est dans ce climat de peur et de départ précipité qu’un récit commence à circuler : celui d’un trésor abandonné.

Selon la tradition orale, les Vaudois auraient dissimulé, avant leur fuite, des biens précieux dans des grottes, sous des bergeries, ou dans les anfractuosités de falaises proches des hameaux perchés. Ces caches auraient pu contenir des pièces d'or, des outils liturgiques, des livres interdits, voire des archives de communauté. Certains affirment même que des souterrains rudimentaires reliaient certaines maisons fortes, comme à Saint-Véran, Molines ou Ceillac, pour permettre des fuites discrètes… ou des cachettes inviolables.

Même après les combats et la reddition des Vaudois en avril 1489, jugés à Embrun et Avançon, leur trésor n’a jamais été retrouvé. Aucun document ne l’atteste formellement, aucune fouille officielle n’a permis de confirmer son existence.

Des expéditions depuis des siècles, sans succès

Pourtant, l’idée persiste. Elle est alimentée par la topographie même du Queyras : ses gorges inaccessibles, ses forêts profondes, ses ruines de fermes abandonnées, ses églises fermées depuis des siècles. L’histoire du trésor s’entrelace ici avec celle d’un peuple persécuté, et d’un pays de montagne resté longtemps à l’écart du monde.

Les passionnés de patrimoine savent que ce récit dit autant sur le passé religieux de la région que sur la manière dont un territoire construit sa mémoire. Derrière l’image du trésor des Vaudois, ce sont les traces durables de la présence de la communauté qui parlent encore aujourd’hui : architecture sobre, cimetières discrets à l’écart des villages, sentiers autrefois clandestins, et toponymie évocatrice.

Dans les écoles du Queyras, on évoque encore parfois ce pan d’histoire. Des enfants grandissent avec l’idée qu’un trésor pourrait se trouver “quelque part”, enfoui sous leurs pieds, à quelques mètres d’un vieux mur en pierres sèches. À l’âge adulte, ils apprennent que le vrai legs des Vaudois ne tient peut-être pas dans une cache métallique, mais dans la persistance d’un mode de vie, d’un silence, et d’une résistance.