Votre ville : GAP | Changer de ville

Gap : une crèche associative contrainte de fermer, un ancien directeur dénonce la politique municipale

Gap : une crèche associative contrainte de fermer, un ancien directeur dénonce la politique municipale
Crèche "Les bulles d'enfants" à Gap

SOCIÉTÉ / "Les Bulles d'enfants", crèche associative située quartier du Rochasson à Gap, sera contrainte de fermer à la rentrée prochaine, laissant 25 familles sans réponses. En cause : des subventions de la Ville, plus à la hauteur. Un ancien directeur se confie sur Alpes 1

 

-Hautes-Alpes-

La mairie de Gap va-t-elle laisser mourir une de ses crèches associatives ? Elles sont trois sur le territoire municipal. « Les Bulles d’enfants », implantée depuis 23 ans quartier du Rochasson, n’a désormais plus de choix. Face à son déficit, elle devra fermer, la municipalité refusant d’augmenter ses subventions.

 

« Si la mairie n’augmente pas ses subventions, on va devoir fermer »

 

C’est ce que déclare, fataliste, Thibaut Masset, le président de la crèche. Dès la rentrée prochaine, 32 enfants ne seront plus accueillis, « bien sûr que les parents sont inquiets car ils devront trouver un autre mode de garde ou cesser leur activité pour s’occuper de leur enfant jusqu’à ce qu’il entre en maternelle ».

 

Une association avec un déficit de 30.000 euros

Le fond du problème, c’est le financier. Une place en crèche coûte, en moyenne 15.000 euros. 66 % est subventionné par la CAF, la Caisse d’Allocations Familiales. Les 44 % restants sont répartis entre les parents, dont la participation est très encadrée notamment aux conditions de revenus, et la municipalité.

Les crèches associatives sont donc largement tributaires des collectivités. Gap soutient "Les Bulles d’enfants" à hauteur de 2.900 euros par place. Insuffisant alors que la structure enregistre un déficit de 30.000 euros, « les charges n’ont fait qu’augmenter, les salaires ont été réévalués l’an dernier, les recettes n’augmentent pas. Jusqu’à présent on a réussi à l’absorber avec notre trésorerie et une aide exceptionnelle de 27.000 euros en 2022 de la CAF ».

Mais cette année, la Caisse d'Allocations Familiales n’abondera plus, « de toute façon, on ne cherche pas un sauvetage chaque année, mais une solution pérenne » ajoute Thibaut Masset, « et cela ne vient que des subventions vu qu’on ne fonctionne que par les subventions ».

 

"Si l'on veut un service, il faut en assumer le coût"

 

Il faudrait, selon la crèche, que la mairie augmente son enveloppe de 2.000 euros par place. Fin de non recevoir de la municipalité, qui avance une mauvaise gestion, « ils ne veulent pas assumer le fait que les charges augmentent et que, s’ils veulent un service, il faut en assumer le coût ».

Autre argument de la mairie : le taux d’encadrement trop important, la municipalité aurait même recommandé de licencier un poste. « Le taux d’encadrement dans les crèches municipales est de 1 professionnel pour 5,5 enfants, nous sommes à 1 professionnel pour 5,3 enfants », se défend le président des « Bulles d’enfants », « on ne fait pas du sur qualitatif ».

Quant aux enfants de la crèche, une place leur serait déjà assurée dans d’autres structures. Un jeu des chaises musicales qui laissera d’autres parents sans réponses de garde selon Thibaut Masset, « certaines familles qui avaient obtenu une place vont être rappelées par la mairie pour leur dire que ce ne sera pas bon cette année ».

 

Un ancien directeur de crèche associative pointe une politique de la petite enfance "inexistante"

D’autres anciens responsables de crèches associatives sur Gap ont accepté de se confier à Alpes 1.

Car ce mal financier ne toucherait pas que "Les Bulles d’enfants" mais aussi les deux autres crèches associatives de Gap. Interrogé par Alpes 1, l’ancien directeur de l’une d’entre elles explique avoir rencontré un véritable mal-être durant son exercice.

Il existerait une véritable problématique autour des crèches à Gap, avec une cinquantaine de familles qui resteraient sans places chaque année. Quant à la politique menée autour de la petite enfance, « elle est quasiment inexistante », selon lui, il estime même qu’on « la laisse mourir ». De par son expérience, cet ancien responsable prévoit même la fermeture des deux autres structures associatives dans les prochaines années. Concluant, « je n’irai plus travailler pour la commune de Gap ».

 

L'opposition pointe une incohérence : une crèche associative ferme quand une autre ouvre

Un sujet déjà entre les mains de l’opposition « Ambitions pour Gap » qui pointe une incohérence : alors que la crèche associative « Les Bulles d’enfants » va fermer, une autre ouvrira d’ici l’automne 2025 à Chabanas.

Mais selon nos informations, elle devrait bénéficier d’aides supplémentaires de la CAF par la Convention Territoriale Globale. Une aide fixée selon le potentiel financier d’une commune. Actuellement, 950 euros par place sont reversés aux crèches associatives de Gap. Sauf pour celles qui voient le jour : le montant est fixé à 3.000 euros.

Quant à Union pour Gap, le groupe estime que ce sujet n'est pas une « fatalité mais le résultat d'un manque de soutien public, notamment de la Ville de Gap. Alors que les besoins en modes d'accueil explosent et que les familles peinent à trouver des places, comment comprendre qu'un établissement doive mettre la clé sous la porte ? ».

Contacté par la rédaction d'Alpes 1, le maire Roger Didier ne fera pour l'heure aucun commentaire. Il reçoit ce jeudi après-midi à 17h30 la crèche "Les Bulles d'enfants" « pour se faire une idée de la situation actuelle ».

C. Cava Michard