- Hautes-Alpes -
Les habitants de Gap les ont peut-être croisés le soir dans les rues. Des bénévoles avec un gilet bleu. Non ce n’est pas un autre mouvement de protestation comme les gilets jaunes, quoique l'existence de la misère les révolte.
A priori, il ne s’agit que d’une association de solidarité envers les plus démunis. Depuis son local, un appartement situé sous les toits en plein centre de Gap où prendre une douche est possible pour les personnes sans domicile fixe, les bénévoles organisent en semaine des distributions de panier repas auprès des personnes sans domicile fixe ou qui ne parviennent pas à se nourrir dignement.
« Du fait maison » garantit le président Alexandre Philippe qui cuisine à partir de simples dons. Le président organise le recrutement des bénévoles, les collectes de dons et même les démarches administratives pour les personnes en difficulté par rapport à un dossier.
Du théâtre en plus des maraudes
Le week-end, des repas, des couvertures, et des vêtements sont distribués par les bénévoles aux gilets bleu ciel. Pourquoi bleu ? Cela représente la joie pour son président. La joie elle passe aussi par le théâtre. Véronique, la directrice et Alexandre Philippe ont mis sur pied un atelier un mardi sur deux avec un objectif : une représentation devant les bénéficiaires fin juin.
« Je suis bénévole, je ne suis pas prof de théâtre » prévient d’emblée Véronique. Amatrice de scène d’improvisation, elle propose des scénarios aux six participants de ce premier atelier. Comme une employée convoquée par son employeur car elle arrive toujours en retard.
« Ce sont des gens qui sont pleins d’émotions, qui n’arrivent pas à les extérioriser. Dans la rue, ces personnes sont beaucoup jugées. Ici c’est leur espace à eux. Ils peuvent s’exprimer sans jugements » Véronique
Tanguy, le plus jeune des participants, sait ce qu’il est venu chercher : un endroit pour apprendre à gérer ses émotions.
« Je n’ai jamais fait de théâtre. Je souhaite y participer pour que cela m’aide plus tard et ce qu’on a fait. Et puis ce soir, ça m’a aidé à rencontrer aussi des personnes que je ne connaissais pas. » Tanguy
Gérer les émotions
Le président de l’association observe l’atelier animé par Véronique. Il sait ce que c’est la rue : lui aussi, il l’a connue à ses 18 ans. Ancien enfant placé et autiste Asperger, Alexandre s’est retrouvé à sa majorité sans toit. Cela ne l’empêche pas de fonder une famille qui a trouvée un toit à Gap après avoir traversé la France depuis Dunkerque. Son association, c’est sa fierté, comme « son enfant ».
« Le théâtre, en plus de tout ce que l’on propose, c’est vraiment une aide pour la gestion des émotions des personnes à qui on vient en aide. » A. Philippe