Haute-Provence : le double-meurtre de Revest-du-Bion devant les Assises

Haute-Provence : le double-meurtre de Revest-du-Bion devant les Assises

JUSTICE / Le 3 décembre 2019, deux amis carcassonnais, Julien Boumlil et Gabriel Ferchal disparaissent après s'être rendus dans les Alpes de Haute-Provence. Leurs corps seront retrouvés deux mois plus tard enterrés sur le terrain des frères Merino, à Revest-du-Bion. Un voyage funeste pour une dette de stupéfiants

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

La session d’assises des Alpes de Haute-Provence s’ouvre ce lundi à Digne les Bains. Jusqu’au 2 juin, trois affaires seront jugées. La première avait ému le département : le meurtre de Julien Boumlil et Gabriel Ferchal. Deux amis, âgés seulement de 25 et 26 ans, portés disparus en décembre 2019.

C’est après plusieurs mois d’investigations, d’auditions et de recherches que leurs deux corps avaient été retrouvés, enterrés à Revest-du-Bion, sur le terrain de la maison familiale des frères Mérino. Deux frères connus pour baigner dans les stupéfiants et l’organisation de raves party. Le plus jeune, Vincent, 36 ans, est actuellement détenu, il devra répondre de meurtre. Frédéric, 37 ans, a été libéré et placé sous contrôle judiciaire. C'est lui qui aurait dissimulé les dépouilles. 

 

Une expédition mortelle pour régler une dette de stupéfiants

3 décembre 2019, il est 16h15 quand Maëva reçoit un message de son compagnon, Gabriel Ferchal. Il est parti un peu plus tôt de Malves-en-Minervois, près de Carcassonne, dans la voiture de son ami Julien Boumlil. La jeune femme reçoit d’abord un SMS avec une simple photo de paysage des environs de Forcalquier, puis un appel « on va bientôt arriver ». C'est la dernière fois qu'elle entendra Gabriel. Deux jours plus tard, Maëva se rend à la gendarmerie pour signaler la disparition de son compagnon, expliquant qu’il se rendait dans les Alpes de Haute-Provence pour accompagner Julien récupérer des pièces automobiles repérés sur un site de vente en ligne.

Mais au fil des investigations, les militaires mettent le doigt rapidement sur le but de ce voyage funeste : une dette sur fond de stupéfiants. Selon plusieurs proches, Julien Boumlil est impliqué dans le trafic de drogue et l’un de ses contacts a contracté une dette de 6.000 euros. Il s’agit de Vincent Merino. Le Bas-Alpin, sans emploi, vit d’aides et d’addictions, il dort sur le canapé de la maison familiale occupée par son frère et sa mère à Revest-du-Bion. Voilà plusieurs semaines que les deux hommes « s’accrochent » violemment quant à cette dette, l'Audois devient de plus en plus pressant quant au remboursement alors que le Bas-Alpin ne pourrait lui régler. Ils conviennent finalement de se voir, le 3 décembre 2019, dans les Alpes de Haute-Provence pour discuter des modalités de règlement. Mais Julien n’est pas serein quant à cette entrevue, il craint de se « faire fumer » et de devoir s’équiper « d’un gilet pare-balles » comme il l'aurait relaté à ses amis. L’un d’entre eux, Gabriel Ferchal, décide alors de l’accompagner ignorant qu’il vient de sceller son destin.  

 

Une enquête ouverte pour disparition inquiétante, avant d’être requalifiée en enlèvement et séquestration

Si les soupçons des enquêteurs se dirigent rapidement vers Vincent et Frédéric, les frères démentent toute implication. Pourtant, l’étau se resserre. La voiture de Julien et Gabriel est retrouvée, intacte, fin janvier 2020 au quartier de la Bricarde à Marseille. Si le domicile des frères Merino à Revest-du-Bion a déjà été perquisitionné, des fouilles du terrain sont ordonnées. C’est à 200 mètres de l’habitation, sous un monticule de terres et de branchages, que les corps de Julien et Gabriel sont retrouvés enterrés l’un sur l’autre. Le médecin légiste conclut au décès par arme à feu.

Seul présent le jour des fouilles, Frédéric reconnait rapidement avoir aidé son petit frère ce soir du 3 décembre 2019. Vincent serait venu le chercher après avoir tué les deux amis carcassonnais, lui demandant de faire disparaitre les corps. Frédéric se serait alors exécuté le lendemain matin au moyen d'un Manitou, un engin de chantier emprunté à un agriculteur voisin.

Quant à Vincent, il sera interpellé quelques jours plus tard dans un hôtel des Bouches-du-Rhône, après avoir pris la fuite. Entendu, il expliquera aux enquêteurs avoir conduit Julien et Gabriel dans un sentier du terrain familial, près d’un cabanon avant qu’une bagarre n’éclate. Il se serait alors saisi d’un fusil chargé de trois cartouches. Trois coups : le premier aurait atteint Julien au thorax, le second Gabriel à la tête tiré semble-t-il de dos. Le dernier coup sera pour achever Julien, agonisant au sol. « Je ne voulais pas qu’il souffre » aurait expliqué Vincent aux enquêteurs. Il lui tirera une dernière balle dans la tête.

 

Deux affaires de viols devant la Cour criminelle

Le verdict est attendu vendredi, avant que deux autres affaires ne soient jugées la semaine suivante. Des faits de viols commis en juin 2013 à Valensole et juillet 2021 entre Manosque et Sainte-Tulle. Pour la première fois dans les Alpes de Haute-Provence, c’est la Cour criminelle qui statuera. La Cour d’Assises juge les personnes soupçonnées d’avoir commis un crime puni de plus de 20 ans de réclusion criminelle, elle est composée de juges et d’un juré de citoyens tirés au sort. La Cour criminelle juge quant à elle des crimes punis entre 15 et 20 ans de prison, elle est composée uniquement de juges professionnels.