Alpes de Haute-Provence : "on ne tire pas assez de loups" selon Stéphane Bouillon

AGRICULTURE / Le préfet coordonnateur du plan loup était à Entrages. Une visite qui sonne comme un rappel pour les autorités

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

Stéphane Bouillon face à la détresse des éleveurs. Le préfet coordonnateur du plan national loup 2018-2023 était de passage à Entrages, ce jeudi après-midi, le temps de tenir une réunion. « Ce n’est pas le plan loup, mais le plan loup et activité d’élevage », n’hésite-t-il pas à reprendre les journalistes un peu trop rapides.

 

Pastoralisme et prédation : corriger ce qui ne va pas aujourd'hui

Une nuance importante qu’il tient à souligner car il s’agit d’arriver, selon lui, à un « rééquilibrage : le loup doit être préservé car il fait partie de la biodiversité, mais les activités d’élevage doivent être au cœur de la montagne ». Mas tenir un discours « raisonnable et raisonné » face à affliction agricole de plus en plus grande, et des exploitants qui n’hésitent plus à apporter aux pieds du responsable des bêtes éventrées, probablement après l’attaque du canidé.

Alors il faut « corriger ce qui ne va pas aujourd’hui », assure Stéphane Bouillon. Tout aussi complexe face au constat chiffré d’une population lupine qui augmente de 20 %, « on compte 430 loups officiellement aujourd’hui », avance le préfet, rejoignant ainsi les conclusions de la présidente de la FNSEA. Christiane Lambert, de visite à Valensole en début de semaine, assurait que la France « est à plus de 400 spécimens, c’est sûr ».

 

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« Il faut qu’il y ait du loup, partout », S. Bouillon

 

Si la présidente du principal syndicat d’exploitants agricoles veut « moins de loups en France, car le loup s’habitue à tout », Stéphane Bouillon lui répond : « il faut du loup de partout » car le canidé joue un rôle dans la  régulation des ongulés. Mais c’est loin des troupeaux d’éleveurs qu’il doit tenir son rôle de régulateur.

 

Les Alpes de Haute-Provence ne tirent pas assez de loups

Mais l’objectif principal de la visite de Stéphane Bouillon était d’apaiser les esprits, face à un département « qui ne tire pas assez de loups ». Sur les 42 loups autorisés, pour l’instant, à être abattus en France pour 2018, 24 ont été décomptés du plafond. C’est en Savoie et dans les Alpes-Maritimes que l’on prélève le plus : six loups chacun tirés. Quatre pour le Var et les Hautes-Alpes. Et deux pour les Alpes de Haute-Provence, alors que les victimes indemnisées suite à une attaque lupine explose. Au 31 juillet 2018, on en comptait 835 dans le département contre 531 à la même période l’an précédent. Par comparaison, si dans les Hautes-Alpes on prélève plus, la pression est moindre : 247 victimes indemnisées cette année contre 374 l’an passé et 15 tirs de défense renforcée toujours en vigueur. « Il faut faire des tirs de prélèvement », voilà le mot d’ordre de Stéphane Bouillon.

 

Une mission a été mise en place pour évaluer la population lupine, ses résultats doivent être présentés au mois d’octobre. Des groupes de travail « vont alimenter cette mission », et se pencheront également sur les loups hybrides. Plusieurs expérimentations sont également menées, notamment des « effarouchements avec des flashs, nous sommes prêts à regarder tout ce que les laboratoires, syndicats d’éleveurs peuvent nous proposer ».

 

O. Milleville / C. Michard