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Alpes de Haute-Provence : la bibliothèque sonore de Manosque donne de la voix

CULTURE / L'établissement qui vient d'emménager dans ses nouveaux locaux de la rue Bon Repos, à Manosque, propose au public qui ne peut pas lire de livres imprimés des "audio-livres"

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

Elle a emménagé dans ses nouveaux locaux de la rue du Bon Repos, à Manosque, fin juillet-début août : la Bibliothèque sonore. Il y en a 114 en France. Elles sont gérées par l’association d’utilité publique des "Donneurs de voix" qui existe depuis 1972. L’objectif de ces structures est d’apporter la lecture à tous ceux atteints d’une maladie qui leur pose des problèmes pour lire : problème de vue, paralysie, dyslexie. L’action de la bibliothèque sonore de Manosque est donc essentielle.

 

"Être privé de lecture est dramatique", J. Thomas

 

C’est la profonde conviction de Jacques Thomas qui est à la tête de l’établissement comptant 3.000 « audio-livres » : « Quand on a des problèmes de vision, ou qu’on ne peut pas tenir un livre, être privé de lecture, c’est quelque chose de dramatique. Le fait de retrouver ce plaisir, ça redonne à ces personnes le goût de vivre et de se cultiver », abonde l’intéressé.

 

Quand on veut un livre, pas besoin de se déplacer jusqu’à Manosque. La bibliothèque sonore les envoie, soit par Internet quand il s’agit d’un fichier, soit par voie postale, quand il s’agit d’un CD. Mais pour cela, les « audio-lecteurs » doivent fournir un certificat attestant de leur maladie. C’était le cas de Jean-Claude Millet, ancien kiné. Il a progressivement perdu la vue : « Quant on se retrouve face à un handicap, il y a deux solutions : soit on tombe au fond du puits, soit on remonte la pente. Et la lecture est un moyen de faire comme tout le monde », indique cet habitant de Brusquet, près de Digne-les-Bains.

 

Et pour que Jean-Claude puisse « déguster », comme il le dit, un livre par semaine, il faut des bénévoles, des « donneurs de voix », comme on les appelle. C’est le cas de Joëlle Chéenne qui vit à la Bastidone près de Pertuis, dans le Vaucluse. Elle est donneuse de voix depuis plus de quinze ans. Toute la difficulté, c’est donc de restituer l’essence d’un texte : « Je m’interroge toujours sur le projet de l’auteur, le contexte, l’atmosphère que l’auteur est soucieux de retranscrire dans le texte. Mon but, c’est de rendre sensible la lecture », confesse Joëlle Chéenne.

 

La bibliothèque sonore de Manosque compte une quinzaine de « donneurs de voix » est toujours à la recherche de bénévoles pour rassasier au mieux l’appétit des 110 « audio-lecteurs » qu’elle accompagne.  

 

Q. Perez de Tudela