Alpes de Haute-Provence : Assises, "je ne veux pas passer ma vie en prison, il m'a trahi"

JUSTICE / Dernière affaire à la barre de la Cour d'Assises des Alpes de Haute-Provence. Un homme de 47 ans est accusé de tentative d'assassinat

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

3ème et dernière affaire à la barre de la Cour d’Assises des Alpes de Haute-Provence depuis ce jeudi. Un homme de 47 ans est accusé de tentative d’assassinat, le 3 juin 2016, en plein centre-ville de Digne les Bains, sur un homme de 31 ans aujourd’hui.

 

Jean-Louis, l’homme aux 11 condamnations

Les cheveux poivre-sel, une corpulence forte, l’auteur présumé du coup de feu, Jean-Louis, cet homme de 47 ans, s’avance dans le box des accusés sûr de lui. Ce matin, il ne cesse de communiquer avec son avocat, avant de déclarer à l’audience « ne pas vouloir passer sa vie en prison. Il m’a trahi » explique- t-il. Celui qui l’a trahi, ce serait la victime, Julien, âgé de 31 ans aujourd’hui.

 

Julien boit une bière quand un homme lui tire dessus à moins de 3 mètres

Ce soir du 3 juin 2016 en plein centre-ville de Digne les Bains alors que Julien est au restaurant, un individu surgit, une arme à la main et tire à moins de 3 mètres sur lui. La victime est touchée au flanc gauche et est immédiatement conduite à l’hôpital de Digne les Bains. Mais quatre jours plus tard, son état se détériore, son pronostic vital est engagé et il est transféré à l’hôpital Nord de Marseille.

Quant à l’auteur présumé du coup de feu, il est en cavale. Il faudra 12 jours aux enquêteurs pour interpeller Jean-Louis, au domicile de sa compagne à Peyruis. Ce quadragénaire est déjà connu défavorablement des services de justice pour avoir été condamné, depuis ses 19 ans, 11 fois, notamment pour un homicide involontaire par arme à feu en 1994. Sept mois avant les faits, il a aussi été interpellé pour acquisition et détention illicites d’un fusil et de deux carabines, découverts dans son véhicule.

 

« Un acte de colère »

 

Placé en garde à vue, Jean-Louis avoue aux enquêteurs sans difficulté les faits, et explique son geste par « un acte de colère » contre la victime, Julien, avec qui il aurait commis un cambriolage un mois et demi auparavant aux Mées. Son complice aurait, selon lui, gardé une partie du butin, une arme napoléonienne dont Jean-Louis pense que la valeur lui aurait permis d’acheter un camion pizza.

 

L’accusé interpelle l’expert, un instant de flottement dans la Cour

Ce matin, l’expert psychiatre, le docteur Nourredine Karchoumi, a été entendu à la barre. À son arrivée, l’accusé s’adresse directement à lui « dès que vous êtes rentrés vous m’avez demandé si j’étais musulman ou si j’allais me convertir ». Un instant presque surréaliste qui provoque un flottement à la Cour d’Assises. Pour l’expert, Jean Louis est un homme « au grand cœur », qui a subi les violences de son père, avant un placement en foyer.

 

« Jean-Louis, le grand frère protecteur »

 

Et avec Julien, il pensait avoir trouvé une place de père que son propre père aurait refusé de jouer. Il investit cette relation et se comporte comme « un grand frère protecteur » avant de se sentir trahi, floué suite à ce cambriolage. « Il voulait réparer une injustice » ajoute l’expert. Une relation conflictuelle sans doute à l’origine de cette tentative d’assassinat.

Une autre expert psychologue devait être entendue peu avant midi, mais suite à un malaise, le président a suspendu la séance pendant quelques minutes.

 

A. Vallauri / M. Bonnefoy / C. Michard