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Alpes de Haute-Provence : rixe de Manosque, les victimes ont bien péri "sous les nombreux coups violents portés"

JUSTICE / Depuis ce mardi s'est ouverte la session des Assises des Alpes de Haute-Provence. À la barre, un Polonais de 44 ans accusé de double meurtre

 

- Alpes de Haute-Provence - 

 

C’est un procès de quatre jours qui s’est ouvert ce mardi devant la Cour d’Assises des Alpes de Haute-Provence. Un couple de Polonais comparait. Lui, Artur P. est accusé de double meurtre. Elle, Agnieska W., 54 ans, doit répondre de non-assistance à personne en danger. Le 29 mai 2015, rue René Char à Manosque, un autre couple de Polonais également périssait sous des coups violents. Pourtant, l’accusé affirme qu’il n’est pas l’auteur. 

 

Un accusé imperturbable malgré les photos des victimes

Artur P., 44 ans, est dans le box des accusés, assisté d’un interprète. Un homme aux 13 condamnations et 12 ans de prison cumulés, connu défavorablement des services de police et de justice polonais. Le regard dur, de corpulence forte, les traits froids, il est imperturbable. Même quand la Cour affiche sur écran les photos des victimes. Anna et Andrzej, 41 et 47 ans, qui voient leurs vies se terminer cet après-midi du 29 mai 2015 rue René Char.

 

"J'ai vu ma tante dans un cercueil, je peux supporter"

 

Des photos effroyables si bien qu’il est difficile de les fixer ne serait-ce que quelques secondes. Le président de la Cour demande d’ailleurs au neveu d’Anna de sortir de l’audience. « J’ai vu ma tante dans le cercueil, je peux supporter les images », lance t-il, mais suit ce qui lui est demandé et sort. Face aux blessures et au sang, on se doute de la violence des coups qui ont été portés, une violence qui sera confirmée par l’audition des médecins légistes par visioconférence.

 

Un décès provoqué par les coups et non par l'alcool

Malgré le fort taux d’alcoolémie relevé sur Anna et Andrzej lors des autopsies, plus de 3 grammes, l’alcool n’a pas provoqué la mort du couple polonais. Non, ce sont bien les « nombreux coups violents portés sur la face des deux victimes » qui ont entraîné la mort. Des signes de lutte et de défense sont par ailleurs relevés sur leur corps. Ils se sont défendus, ils se sont débattus, « Andrzej s’est protégé le visage », explique à l’avocat de la partie civile l’expert, interrogé sur les traces de sang sur les mains de la victime.

Pourtant, Artur ne cille pas. Aucune expression de regrets n’apparait, il regarde l’audience comme si un film était en train de se dérouler sous ses yeux. Et alors qu’il avait affirmé lors de ses auditions qu’il ne pouvait être l’auteur des faits car il était parti chercher de l’alcool un peu plus loin, au Monoprix, le directeur d’enquête de la police de Manosque démonte son argument. Artur est passé à 14h44 à la caisse de l’enseigne. En ajoutant deux minutes de trajet à pied jusqu’au lieu du drame, il peut être l’auteur des coups.

Quant à Agnieska, sa compagne, elle est assise ce mardi dans l’audience puisqu’elle a été placée sous contrôle judiciaire depuis les faits. Une femme abîmée par la vie, qui a pourtant été décrite, pendant les auditions des témoins, comme la « femme au pull rose qui ne bouge pas » sous le déferlement de violences de son compagnon. Les débats vont se poursuivre jusqu'à vendredi, jour du verdict. 

 

C. Michard