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Alpes de Haute-Provence : regroupement des hôpitaux de Digne et Manosque, une gestation laborieuse

SANTÉ / Gestation laborieuse, entre intérêts de l’hôpital d’Aix en Provence, et jeu trouble d’une élue : les explications

 

-Alpes de Haute-Provence-

Quand la santé est un dossier ardent, à la fois technique et politique. Dans les discussions qui s’opèrent entre les hôpitaux de Manosque et de Digne-les-Bains, chacun peut voir midi à sa porte, mais avec une seule réalité en trame de fond : le nouveau dispositif prévu par la loi de modernisation du système de santé. Un dispositif qui a pour but de garantir à tous les patients un meilleur accès aux soins, en renforçant la coopération entre hôpitaux publics, autour d'un projet médical. La Ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait rappelé fin mars que tous les établissements, quels que soient leur taille et leur positionnement dans l'offre de soins, joueront un rôle majeur dans la création de Groupement Hospitalier de Territoire (GHT). Simple - ou presque - dans les faits, beaucoup moins dans les actes.

 

Pourquoi un rapprochement entre ces deux hôpitaux ?

Car comme le déclarait Christophe Castaner, député (PS) des Alpes de Haute-Provence dans un courrier à la Ministre de la Santé, « le rapprochement est indispensable pour retrouver une autonomie au risque de perdre un système de santé indispensable au territoire au profit des établissements hospitalier d'Aix-en-Provence. » Mais aussi pour des enjeux réglementaires et de maintien de certaines activités, impactées par l’activité médicale dans le territoire. Ainsi, pour certains observateurs que nous avons rencontrés, l’avenir est catégorique, « si Digne ne fusionne pas avec Manosque dans très peu de temps, l’hôpital pourra dire au revoir à sa maternité ».

Et si globalement sur les 1800 salariés que comptent les deux hôpitaux, beaucoup sont favorables à ce partenariat qui à terme pourrait se transformer en fusion avec une direction commune, d’un point de vue politique tout le monde n’a pas pris le même train. Pourtant depuis janvier 2016, l’expérimentation du travail commun s’est bien mise en place, avec la venue de médecins en chirurgie digestive de l’hôpital de Manosque à Digne. Et dans l’avenir, la chirurgie orthopédique, la logistique ou bien encore la pharmacie seront partagés entre les deux établissements.

 

Pourquoi un blocage ?

Aujourd’hui, Digne les Bains est dirigé par l’hôpital d’Aix-en-Provence, avec un directeur délégué sur site. Une stratégie à terme gagnante pour la ville des Bouches du Rhône, selon un cadre hospitalier, « car Aix peut envoyer ses patients sur Digne, plutôt que de les voir partir dans un hôpital privé faute de places ». Mais toujours selon ce cadre hospitalier, le système n’est en rien « gagnant pour les Alpes de Haute-Provence et pour Manosque ».  Car si Digne les Bains parvient à remplir ses chambres et à avoir les reins solides financièrement par ce flux de patients venant d’Aix en Provence, cela se fait au détriment de Manosque. Et au détriment également de l’attractivité que représente le territoire pour de futurs médecins.

Aix en Provence n’est donc pas prête à laisser partir l’hôpital de Digne les Bains de sa gestion, car cela voudrait l’obliger, pour sa pérennité, à se rapprocher des établissements marseillais. Quant aux Alpes de Haute-Provence, certains ne sont pas favorables non plus à voir partir Aix en Provence et son flux de patients. En ayant face à soi une réalité : les taux de capacité d’autofinancement nets sont très faibles pour Manosque et négatifs pour Digne-les-Bains avec un taux d’endettement très élevé.

 

Et les politiques ?

Du côté de Manosque, le maire (LR) Bernard Jeanmet-Peralta, a toujours été clair : il faut construire le propre avenir des Alpes de Haute-Provence en regroupant les établissements « pour ne pas se faire absorber par l’agglomération d’Aix-Marseille, il ne faut pas répondre aux sirènes qui ferai de nous une simple périphérie de cette super structure ». Un point de vue partagé par un grand nombre, mais que ne semble pas suivre le maire (DVG) de Digne-les-Bains, Patricia Granet.

 

Le rôle obscur de Patricia Granet

Médecin de profession, exerçant toujours au sein de l’hôpital de Digne. L’édile, dont le premier adjoint, Bruno Villaron, est le président du conseil de surveillance de l'établissement, serait à ce jour plus à même de répondre aux sirènes aixoises. Selon un élu du département, Patricia Granet freinerait des deux pieds « et en demanderait toujours plus afin de retarder l’évolution du projet ».  La raison, toujours selon cet élu : les relations qu’elle entretient avec la direction de l’hôpital d’Aix en Provence, « peut être pense-t-elle à son propre avenir, mais qui desservirait à terme le bien commun ».

Patricia Granet serait-elle le grain de sable dans l’engrenage ? « Oui », selon plusieurs élus. Un grain de sable mais pas un frein définitif, car c’est bien l’Agence Régionale de Santé PACA (ARS) qui dans son étude a tranché sur le sujet : « le développement des coopérations entre établissements publics de santé (…) constitue un enjeu majeur pour l’avenir de l’offre de santé de notre département. »