Alpes de Haute-Provence : Cap Santé 04 à Digne, un projet d’espace médical à l’arrêt

SANTÉ / En cause selon le porteur privé : "l'autisme" de la mairie et son choix de soutenir la Maison Médicale de Santé



- Alpes de Haute-Provence –

« Cap Santé 04 », ou l’histoire d’un désenclavement médical qui pourrait prendre l’eau. En cause selon David Djellel, porteur du projet privé de maison de santé sur Digne-les-Bains, une forme « d’autisme » de certains services de la ville qui retarde le projet mis en place depuis mai 2014.


Retour sur un projet "novateur" pour une ville médicalement sinistrée

Le constat concernant le Pays Dignois et les professionnels de santé est assez clair : il existe une sous-représentation de l’ensemble des secteurs médicaux, au point que les patients sont obligés de prendre rendez-vous avec des spécialistes soit à Manosque, Gap ou même encore Nice.

Une situation à pondérer, si on en croit les études qui montrent tout de même une offre de premier secours globalement satisfaisante. Au-delà de cette première conclusion, il existe des effets secondaires plus délicats de cette désertification dans un territoire rural comme le secteur bas-alpin : accentuation des problèmes d’accès au soin et de santé, doublée d’un manque d’attractivité des territoires se conjuguant par le départ des habitants, et enfin la baisse de la croissance du pays.


Deux projets à deux vitesses

C’est dans ce cadre que la municipalité a mis en marche un projet de Maison de santé. La commune assurera le côté financier du projet immobilier, porté en partenariat par une association constituée par des professionnels de proximité et du territoire, soutenus et accompagnés par le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale), la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) et l’ARS (Agence Régionale de Santé). Un projet de maison de santé, toujours pas ouvert et qui rencontre des problématiques de mise aux normes. Problématiques qui pourraient coûter 500.000 euros supplémentaires à la commune. « Des frais qui seraient remboursés par le paiement des loyer des futurs médecins », rassure Gérard Esmiol, adjoint municipal de Digne-les-Bains (délégué à la santé, à l’action sociale et à la solidarité).


Maquette du projet Cap Santé 04


L’autre projet dans les cartons depuis mai 2014, et toujours pas sorti de terre, semble aujourd’hui à l’arrêt. « Cap Santé 04 », un projet privé porté par David Djellel, proposant un vaste espace situé près de l’hôpital, zone St Christophe, et dédié aux professionnels de santé spécialisés. En tout, 42 cabinets médicaux dans ce projet qui faisait il y a quelques temps l’unanimité mais qui se voit aujourd’hui mis à l’arrêt forcé faute « d’implication de la municipalité » selon le porteur de projet.


Quel est le problème ?

« Des personnes au sein de la municipalité sont à l’écoute, mais il y a une forme d’autisme qui retarde le projet (…) », explique sur Alpes 1 David Djellel, qui met en avant des premiers contacts avec la mairie en juin 2014 pour autoriser l’extension du projet sur une partie des terrains des services techniques « afin d’y ajouter un service vétérinaire. Mais à ce jour, nous n’avons encore aucune réponse ». Pour David Djellel, l’implication de la mairie dans ce dossier est importante « pour l’instruire, étendre le projet, travailler sur les accès et la voirie et surtout, faire en sorte que les professionnels puissent accéder à la propriété de leurs cabinets, dans une ville où la taxe foncière est forte. D’où la nécessité de voir la mairie céder une partie des services techniques afin de ne pas faire monter les prix. »

David Djellel prend cet « autisme » de la municipalité comme un choix de porter ses efforts vers la maison de santé du centre-ville. « Mais il faut bien comprendre qu’aucun spécialiste ne souhaite s’y installer, pour la simple et bonne raison qu’ils n’ont aucune perspective d’avenir dans des locaux qu’ils ne pourront pas acheter, contrairement à Cap Santé qui de surcroit renforcera par sa proximité l’activité de l’hôpital de Digne », argumente David Djellel.


« On nous met des bâtons dans les roues »

« Je ne comprends pas le projet de la mairie, qui sur le papier est louable, mais vouloir réaménager des bureaux, en cabinet médicaux, avec la mise aux normes qui coutera aux contribuables dignois alors que la ville est déjà dans une situation financière compliquée, je trouve cela scandaleux », poursuit le porteur de Cap Santé 04, qui reproche à la municipalité de vouloir endetter la ville, « alors que de notre côté on essaie de trouver des systèmes économiques viables avec du foncier, et de l’autre côté on dilapide l’argent des contribuables », s’insurge David Djellel avant de dénoncer des attitudes qui consiste à mettre « des bâtons dans les roues » et des « pressions régulières ».

« Il n’y a aucune approche avec la mairie, et une forme d’abandon alors que ça fait un an qu’on essaie de travailler avec la municipalité ». David Djellel dénonce des « attitudes politiciennes de la part de l’adjoint à la santé de la municipalité,  il semblerait qu’on entre directement en concurrence avec son projet de maison de santé au centre-ville ».

Au-delà, David Djellel prévient, « nous sommes aujourd’hui à 60% de réservation, mais si les choses n’avance pas, certains iront voir ailleurs (…)  mais si la mairie nous soutient, Cap santé pour sortir de terre dans un an. »


Que dit la mairie ?

De son côté, Gérard Esmiol se dit « étonné » et « pas au fait de cette actualité », souhaitant que « le projet de Cap Santé arrive à terme ».


Gérard Esmiol

Quant au premier adjoint, Bruno Villaron, délégué aux finances, aux ressources humaines et à l’interface économique, il s’inquiète de la tournure que prendrait « Cap Santé ». « J’ai la sensation que d’un projet privé, l’initiateur - David Djellel- souhaite que la mairie soit maintenant le porteur du projet, ce qui n’est pas envisageable de notre côté. Nous ne pouvons porter deux projets à la fois. »

Bruno Villaron

Bruno Villaron qui conteste également l’ampleur d’un projet qui serait« surdimensionné par rapport à la ville. » Concernant l’opportunité de la ville de céder une partie du terrain des services techniques, le premier adjoint met en avant la possibilité de le réserver pour d’autres projets fonciers – sans précision sur la nature de projets - qui pourraient rapporter davantage à la mairie.