Votre ville : DIGNE LES BAINS | Changer de ville

Alpes de Haute-Provence : Francis Collomp se confie à Alpes 1

OTAGE / Francis Collomp s’est évadé il y a une semaine et demi, alors qu’il était otage depuis 11 mois aux mains d’Ansaru. Aujourd’hui, le contrecoup est là.

Alpes de Haute-Provence – Francis Collomp, de retour ce lundi sur l’Ile de la Réunion. L’homme de 64 ans, originaire du Verdon, a quitté la métropole ce dimanche soir. Otage pendant 11 mois au Nigeria, aux mains d’Ansaru, un groupe islamiste armé frange de Boko Aram, il est parvenu à s’évader il y a une semaine et demi. Après avoir perdu 38 kilos, « j’ai un contrecoup. Je prenais des bêtabloquants, je n’en ai pas eu pendant onze mois. Ma tension est aujourd’hui assez élevée », confie t-il au micro d’Alpes 1. Car il y a dix ans en arrière, l’homme avait subi une opération cardiaque, qui lui demandait un traitement à vie. « Et comme j’ai marché pendant des mois pieds nus, je ne supporte plus les chaussures de ville », poursuit Francis Collomp.

« Ils me disaient ‘’I kill you’’ »

Le 19 décembre 2012, jour de ses 63 ans, Francis Collomp est pris en otage par le groupe Ansaru. « Une véritable attaque militaire » sur le poste de police et la villa où il réside, « ils ont tué trois personnes, un policier, mon gardien et un jeune qui n’a rien à voir, qui venait recharger son téléphone ». Avant de prendre en otage l’ingénieur français : « Ils m’ont sauté dessus, c’était du « I kill You », je me suis dit que j’étais mal barré. Il faut tout de suite essayer de parlementer pour qu’ils ne vous tuent pas. A un moment, je me suis rebiffé, ça a été tout de suite des coups de cross. Ils m’ont attaché les mains dans le dos, ils m’ont mis un sac sur la tête, j’avais du mal à respirer. Puis je suis monté dans une voiture, la tête baissée pour que personne ne me voit ».

Une évasion préméditée depuis le début

Chaque jour, Francis Collomp va préparer son évasion. Il marche d’abord 10 km par jour, puis 15. Au moyen d’un petit lexique du dialecte et d’une radio diffusant les émissions de RFI, Francis Collomp apprend quelques bribes « pour accrocher des mots ». Ce qui lui a permis d’interpeller la moto-taxi une fois évadé. « Il ne fallait pas que je ne donne ni mon nom, ni le fait que j’avais été kidnappé. J’ai simplement dit que je venais d’être attaqué, et qu’on m’avait pris mes papiers et mon argent et qu’il fallait que j’aille au poste de police le plus près ».

C’était son 6ème braquage

Est-ce que la peur a quitté l’homme aujourd’hui ? « Je n’ai jamais eu peur ». Une déclaration qui peut surprendre au vu du contexte. « C’était mon 6ème braquage », témoigne Francis Collomp, qui a déjà eu son avion détourné notamment. « Les moments où je craquais, c’est quand j’écoutais ma femme à la radio », ajoute t-il.

« On devrait les tuer »

Aujourd’hui, la haine de ses ravisseurs est là. « On devrait les tuer ». Pourtant, Francis Collomp envisage de retourner en Afrique, « pas au Nigeria, tout le monde me prendrait pour un fou et ma femme divorcerait », ironise t-il. Francis Collomp qui désormais se tourne vers sa famille et sa carrière. Pendant onze mois, il n’a eu de cesse à réfléchir à des brevets pour l’éolien. « Je n’aime pas rester inactif ».