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Qu'en est-il de la crise des urgences dans les Alpes de Haute-Provence ?

Qu'en est-il de la crise des urgences dans les Alpes de Haute-Provence ?

SANTÉ / "Dire que les urgences vitales sont assurées dans le département, c'est faux" indique le docteur Hugues Breton

 

- Alpes de Haute-Provence -

Les urgences bas-alpines : la crise s’accentue dans les services. À Sisteron, depuis le début de l’année, les fermetures de nuit au public se multiplient comme lors de ce week-end presque prolongé : les nuits de jeudi à lundi n’étaient pas ouvertes au public sans appel au 15.

Les urgences de Digne-les-Bains, les seules qui fonctionnaient jusque-là 24h sur 24, 7 jours sur 7, basculent en régulation via le 15 jusqu’au 31 juillet prochain. Même chose pour Manosque qui connait ce régime depuis plus de deux ans pour la nuit. Si le SMUR est maintenu dans chacun de ces hôpitaux, les habitants doivent appeler le 15 avant tout déplacement aux urgences.

Le passage des urgences de Digne-en régulation forcée, c’était une nécessité pour le docteur Hugues Breton, délégué syndical pour l’Association des médecins urgentistes de France. Celui qui travaille à Digne-les-Bains et qui partage un poste entre urgences SMUR et régulation au SAMU, parle d’un épuisement des équipes à Digne.

 

« Sur deux ans, on est nombreux à avoir développé des pathologies. On a notamment un collègue qui a fait un infarctus pendant sa garde » H. Breton

 

Le médecin se dit surpris par la charge de travail supplémentaire qu'il effectuait : 20% de travail en plus en moyenne. Une charge, qu'il ne ressentait pas au quotidien.

François Braun, l’ancien ministre de la Santé, est pourtant passé dans le territoire cet hiver avec une mission expresse pour adresser des recommandations. Les mêmes que celles adressées par le syndicat AMUF selon Hugues Breton. Pour l’instant, sauf pour les horaires d’ouverture de Manosque, pas d’évolution sur le terrain pour les autres services. Pire : les hôpitaux se retrouvent même comme le 1er mai dernier avec un médecin urgentiste par hôpital.

 

« Normalement les services d'urgence prévoient la présence de plusieurs médecins. Si le médecin qui est en poste doit partir en SMUR à l'extérieur de l'hôpital, il ne peut pas gérer celle à l'intérieur » H. Breton

 

Un 1er mai chaotique

Et c’est pourtant ce qu’il s’est passé à Manosque à 23h, le 1er mai dernier. Ce jour-là, Hugues Breton était en poste à la régulation.

 

« Il a fallu composer de manière complètement improvisée : j'ai indiqué ce qu'il fallait faire à l'interne par téléphone pour l'urgence à l'hôpital, pendant que le médecin SMUR partait sur un monsieur en choc anaphylactique » H. Breton

 

Prévenu par le médecin le soir même de la situation critique du département, alors que c’est à l’ARS de le faire, l’hélicoptère zonal du SAMU Marseille est arrivé une heure après son appel pour le patient interne à l’hôpital.

« C'est une heure de perdue sur un infarctus » pour le docteur urgentiste pour qui, il était inévitable ce soir-là qu’il y ait « une perte de chance ». Hugues Breton s’en prend directement au directeur départemental de l’Agence régional de santé des Alpes de Haute-Provence, Bertrand Biju Duval.

 

« Quand il permet de se dire depuis des mois que les urgences vitales sont assurées sur le département, c'est faux ! » H. Breton

 

 

 

Ce médecin urgentiste depuis 16 ans, dont 11 dans les Alpes de Haute-Provence n’avait jamais vu ça dans sa carrière.

 

« Cette expérience vécu le premier mai de black-out administratif sur un plan d'urgence restera un épisode traumatique dans ma carrière... je ne pensais pas connaître ça un jour ! » H. Breton

 

Contacté, le directeur de l’ARS 04 indique que selon le protocole, il est prévu en cas d’urgence vitale à l’intérieur de l’hôpital et de sortie pour un SMUR, que le médecin anesthésiste s’en occupe. Il était indisponible car contraint d’intervenir sur une troisième urgence répond le docteur Hugues Breton.

N. Dalbera